"La vie épanouie fait primer l'intensité de vie sur le seul fait d'exister." C'est une phrase de l'article précédent.
Moi même, je vous ai dit précédemment que j'aurais pu remplacer le terme de vie épanouie par un autre mot.
Quel est-il ce mot ?
L'animation.
"L'animation fait primer l'intensité de vie sur le seul fait d'exister."
C'est mieux non ? Je ne parle pas de belles lettres, mais d'un sens plus direct.
De fait, le terme "animation" traduit bien cette idée qu'il n'est pas la même chose d'exister, que d'être doué de vie. C'est la toute la différence entre l'objet et le sujet.
Et c'est maintenant que se révèle une information capitale, que vous aurez peut-être déjà deviné.
Le mot animation remplit parfaitement son rôle comme pôle de l'essentialité. Mais si l'on pousse le bouchon on peut en tirer une sorte d'équation. Ou syllogisme, je ne sais plus.
Si la nature est l'essentiel, et que l'animation relève de l'âme, alors :
La nature est... l'âme !
Oui. Ce terme sempiternel que l'on croit inaccessible, n'est en fait rien d'autre qu'une notion omniprésente et déguisée dans notre vie depuis toujours. Maintenant, pour en saisir la réalité, nous allons devoir nous prêter à un jeu de comparaisons avec toutes les notions balayées jusqu'à présent. L'idée est d'envisager toutes ces nouvelles définitions avec l'image que nous nous faisons de l'âme, au sens commun du terme. Et vous verrez que ça colle drôlement...
Il est donc indispensable d'avoir en tête les précédents articles pour ce qui va suivre. Sauf à avoir une bonne intuition.
L'âme est pulsion
Qu'est ce qu'une pulsion sinon une animation ? Un mouvement vivant par lui même, donc spontané. Un être doué de vie est un être animé. Seule la pulsion anime les êtres.
L'âme est la vie
En effet, l'âme n'est pas différente de la vie, elle en est simplement l'expression la plus intense au regard de notre univers. Qu'il y a-t-il de plus vivant qu'un lieu ou il y a de l'animation, ou l'on ne se contente pas d'être seulement là, d'exister.
L'âme est une chose
Toutes ces choses irrationnelles qui nous poussent, ne sont-elles pas des animations incomprises ? Les choses étranges qui envahissent notre vie, ne sont-elles pas une manifestation de l'âme, non identifiée, qui demande à être entendue ?
L'âme est l'essentiel/ la nature
Ne parle-t-on pas de l'âme pour désigner ce qu'il y a de central dans une chose ? L'âme d'un lieu, l'âme d'un peuple, l'âme individuelle. De plus il n'est pas difficile d'imaginer l'âme comme la source créatrice de nos actions, notre résumé qui peut déployer se déployer en des formes différentes. L'âme est notre potentiel en somme. Qui plus est l'âme se situe bien à la lisière du temps, puisqu'elle est considérée comme immortelle, bien qu'enfouie dans un corps. On voit bien là le pressentiment qu'elle échappe à l'emprise du temps, de par son caractère synthétique, sa forme de noyau de l'être.
Enfin l'âme est la nature car il n'est pas difficile de la pressentir comme ce qui nous définit en tant qu'être, ce qu'il y a de plus important et qui fait que nous sommes nous.
L'âme est la substance
Il est évident que dans l'esprit commun, l'âme n'est pas une matière. Elle est ce qu'il y a de plus subtil dans la réalité humaine. Qui plus est elle est, dans la logique, ce qui assure la permanence de mon être. Tant que mon âme est présente, je suis là, je ne suis pas un/une autre et je ne suis pas mort(e).
Bref. Il n'y a plus qu'à continuer le long jeu de comparaison entre les articles, et vous vous convaincrez vous même de cette vérité. Toutes ces notions sont quasi-identiques, du moins se rattachent à la même réalité. Bien entendu de petites subtilités viennent différencier les notions les unes des autres, mais globalement, on parle bien de la même chose.
Pour autant il convient bien de vous aider un tant soit peu à repréciser les choses, du moins à minima de clarifier ce qui pourrait prêter à confusion.
Voyez donc directement le monde de l'âme comme la réalité pulsionnelle. Au plus simple, sans détails, l'âme est une pulsion.
Dans le détail, une pulsion est une animation, et dès lors que l'on identifie la nature de cette pulsion, c'est l’âme tout entière (la pulsion toute entière aussi) que l'on saisit, dans ce qu'elle a de central. L'animation est comme un morceau, et l'âme, le noyau, l'essentiel.
Évidemment, les même rapports que ceux vu pour la substance et l'essence s'établissent. L'âme du corps, c'est à dire l'instinct, est essentielle pour la survie. Mais si l'on considère l'être dans une plus grande globalité, avec son individualité par exemple, l'instinct (l'âme du corps) est fondamental mais pas central : on ne comprendra pas vraiment "qui je suis" en observant mon seul instinct de survie. Pourtant j'ai intérêt à satisfaire mes instincts si je veux déployer mon âme individuelle, mes aspirations, car autrement j'en mourrais.
On pourrait donc voir des âmes de nature collective, générale, constitutives de l'espèce, au travers des phénomènes dits naturels, de l'instinct. Et plus on monte dans l'élaboration, plus les âmes sont précises et individuelles dans leur expression.
L'âme la plus grossière s'apparentera à la vie en tant que support, celle qui fait exister, quand l'âme la plus fine sera l'essence de la vie, ou la vie qui se déploie dans tout son sens.
Probablement que les choses paraissent un peu décousues, mais il fallait le faire en ces termes. Pour établir une équivalence entre des termes inusités et des mots bien plus actuels, la solution ne pouvait être que la comparaison. Cela nous permet de rester rapides, et cela me semble clair. Si tant est que l'on suit.
Maintenant nous allons voir que ramenée à la vie individuelle, voire ordinaire, l'âme a des choses à nous dire, des choses concrètes qui se comprennent même au regard d'une vie moderne. Avec un peu d'efforts.
C'est ce que nous verrons la prochaine fois.
P.S : J'ai résumé l'âme individuelle par le mot aspiration et la notion d'âme générale, collective par instinct. Nous verrons bien plus tard que les choses sont plus fines, plus puissantes encore que cela.
Écrire commentaire