La conscience - partie 1 : parole et connaissance

Quelque soit la facette de l'expérience humaine que l'on évoque, on y trouvera un pôle actif et un pôle passif. Ou pourrait-on presque dire un rapport créateur et créature.

 

Ainsi...

 

le mental, créateur, crée les pensées, créatures.

L'émotionnel créateur, crée les émotions, créatures.

La perception, créatrice, crée les sensations, créatures.

Remarque : D'autre part, le noyau créateur permet d'appréhender ce qui nous est extérieur, avec mon mental, je peux envisager, appréhender la pensée des autres, etc.

 

Pour ce qui est de l'âme, qu'en est-il ? Comment opère ce distinguo ?

 

Le noyau de l'âme, l'essentiel en l'être humain, c'est la conscience.

La conscience est le noyau créateur qui produit... La parole ! Créature.

L'être humain est le seul doté d'un organe qui lui permet de prendre connaissance de la réalité pulsionnelle. Ce faisant, il la saisit par les mots. Qu'est ce qu'un mot sinon une synthèse, un résumé d'une situation impalpable mais bien présente, d'une dynamique bien trop grande pour être appréhendée dans le temps ?

Exemple : Si je vous demande ce que vous avez fait hier soir, vous allez me répondre que vous étiez à une fête. Donc en 3 ou 4 mots vous me permettez de saisir l'essentiel d'une scène de plus de 8 heures assez explosives. Toute la situation, c'est à dire l'énergie dominante, importante, est donc concentrée dans le mot.

 

Le mot nous permet donc de nous affranchir du temps en parlant de l'essentiel. Le mot décrit des pulsions, des mouvements. Dans le langage courant on appelle cela des situations.

Notons d'ailleurs que tous les mots ne sont que des encapsulages de réalités dont on a pris conscience.

Exemple : Comme nous l'avons dit maintes fois, le mot "Humanité" ne fait que traduire ce mouvement qui se répète en tend à créer des créatures dotées de 2 bras et 2 jambes, qui se tiennent debout, parlent et sourient. Le mot fait référence à cette séquence, cette animation, en somme à cette réalité.

 

Par la parole, nous exprimons les pulsions qui nous habitent, et nous tentons de parler de l'essentiel, tel que nous en avons conscience.

Exemple : Je ne vais parler que de ce qui m'anime le plus intérieurement, que ce soit en fonction de mes intérêts, ou de mes peurs. Si je suis intéressé par la pêche, je ne manquerai pas d'en parler. Si en revanche je ne dis pas ce que je pense de l'art, c'est peut-être par peur d'être éjecté de mon groupe, parce que leur regard, d'une façon ou d'une autre, compte pour moi, et de surcroît leur image, ce qu'ils représentent à mes yeux. Donc lorsque je fais semblant de parler d'autre chose, c'est le mouvement que suscite ma peur que j'exprime.

Ainsi, je témoigne de ma vie intérieure et ses vicissitudes par mes mots.

 

D'autre part, c'est la conscience qui nous permet de prendre connaissance des pulsions qui nous sont extérieures. En ce sens, c'est là que réside vraiment le contact avec une réalité qui n'est pas le fruit de notre imagination. C'est là que réside la véritable connaissance.

En effet, si nous pensons, nous ne faisons qu'imaginer le monde à notre guise. Ainsi, nous ne pouvons pas savoir ce que les choses sont, mais nous nous bornons à nous les représenter en fonction de nos idées préétablies.

Exemple : Si je pense que vous êtes un/une gros(se) abruti(e) alors que je vous vois pour la première fois, c'est que j'ai des « préjugés » sur vous. Vous n'êtes peut-être pas comme je l'imagine. Enfin je l'espère.

 

En usant de notre conscience en revanche, nous parvenons à saisir l'âme des êtres et objets qui nous entourent, nous tentons de toucher au mouvement intérieur qui les habite. Lorsque nous y parvenons, par un déploiement conséquent de la conscience, vient ce que l'on appelle... La prise de conscience ! Nous « réalisons » (nous prenons connaissance d'une réalité que nous ignorions) enfin quelque chose sur le monde. Et cette connaissance en est vraiment une puisqu'elle ne manque pas de nous transformer à notre tour : lorsque je réalise quelque chose, je l'intègre tellement que ma vision du monde est changée en moins d'un instant. On parle même parfois d'un phénomène de double naissance.

Exemple : Un jour, à force d'observation, je me rends compte que lorsque je témoigne un comportement approprié, c'est à dire un comportement qui prend en considération la situation de mon interlocuteur, celui-ci se montre beaucoup plus sympathique et ouvert à mon égard. Et là, d'un coup d'un seul, je réalise ce qu'est le respect. Je ne serais plus le même. Je vais immédiatement changer mon comportement en fonction de cette nouvelle réalité, qui devient naturelle à mes yeux. Je renais par le respect. Mais d'une certaine façon, le respect, valeur universelle, peut s'exprimer aujourd'hui avec un nouveau réceptacle, c'est à dire moi. Le respect naît par moi.

 

La prise de conscience est une connaissance, à bien distinguer du savoir. Pourquoi ?

Comme nous l'avons dit, ce n'est pas la même chose de projeter, imaginer ce que sont les choses, et saisir le vrai mouvement, c'est à dire ce qui anime les choses. Ce qui distingue les deux, c'est ceci :

-Le savoir est un apprentissage qui relève du rapport sujet/objet : il y a moi, et il y a ce que j'apprends.

-La connaissance, comme le sous-entend le phénomène de double naissance, c'est une rencontre entre intelligences, donc entre 2 sujets.

Si vous me connaissez, alors vous savez qui je suis vraiment : vous connaissez ma nature, mon intelligence, ce qui m'anime.

En fait, l'interaction est si enrichissante que l'on pourrait même parler de fusion des sujets, (sans confusion bien sûr) tant nous sommes irrémédiablement transformés par ce renouvellement du sens et de l'intelligence.

Il est intéressant de noter que le phénomène de la connaissance opère autant avec les individualités que les objets inanimés. Chaque prise de conscience est une observation de la nature profonde des choses, qui est logiquement si vivante qu'elle ne manque pas de devenir sujet: elle n'est pas différente de moi, et en tout cas, elle me transforme !

Et qui sait, peut-être bien plus encore, tant nous sommes subjugués par l'ordre des choses parfois...

Exemple : Lorsque je prends connaissance de ce que vous êtes, j'en suis transformé, mais il en est de même lorsque je réalise les phénomènes à l’œuvre dans la poussée d'un arbre, ou la formation de pierres précieuses. Ces découvertes me bouleversent et transforment ma façon de voir le monde : l'intelligence cachée dans les opérations de la nature ne laisse pas de marbre. Et parfois, j'y vois sans équivoque la trace d'une force supérieure et merveilleuse...

 

 

Pour tout ceux qui à ce moment tenteraient de combattre la petitesse, rigidité, rétractation de leur conscience... patience. Il est des éléments que vous ignorez encore et qui pourront vous faciliter la tâche. Ainsi que des problèmes encore invisibles à vos yeux qui pourraient vous contraindre à l'abandon. Si vous voulez déjà agir, alors tentez simplement d'observer, et prendre du recul. Ce sera très bien.

 

Bonus

 

Si la conscience est le noyau de l'âme, elle est ce qu'il y a de plus vivant en son sein. De la même manière, lors d'une grande prise de conscience, on touche nécessairement à la nature d'une chose, à son essentiel. Mais si cet essentiel est assez vivant pour produire une multitude de forme, alors, ne peut-on pas imaginer qu'il soit un ordonnancement très vivant, pour ne pas dire une intelligence à proprement parler ? Ne peut-on pas imaginer que derrière chaque essentiel se cache nécessairement une intelligence ?

 

C'est difficile à imaginer pour quelque chose d'inanimé. L'essentiel d'un livre, s'il est fécond, n'est pas assez vivant pour me parler. Seulement voilà, peut être que toutes les paroles ne sont pas faites de mots. C'est ainsi que par le passé, le symbolisme était associé à toute forme de communication essentielle, divine. Voyez le symbolisme comme un support capable de générer une inspiration toute différente chez un chacun, au même titre qu'un homme qui offrirait un discours différent quoique similaire à ses compagnons. Pourquoi n'y aurait-il pas, derrière l'inspiration générée par un livre, quelques intelligences discrètes, une conscience mystérieuse et insaisissable qui se donne par miracle à notre connaissance.

 

Tout ceci ne peut être véritablement étayé, mais supposé, pressenti, et expérimenté. C'est ainsi que nous n'irons pas plus loin à ce moment quant à la parole des essentiels inanimés, quant aux potentielles consciences des objets inorganiques et autres. Mais plus tard, nous en parlerons. Au moment de l'initiation. Car je déteste les suppositions sans réponses.

 

P.S : Cela étant dit, je mets ce paragraphe en bonus parce qu'il n'est vraiment pas indispensable. Il pourrait même vous embrouiller si vous le compreniez mal.

 

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