La conscience - partie 2 : développement

La conscience est une pulsion. Qu'il y a-t-il de plus spontané qu'une conscience, qui existe par miracle? Cette pulsion de conscience est d'une finesse absolument incroyable, et en ce sens éminemment essentielle. N'avons nous pas vu que la conscience produit des paroles, comme l'essentiel produit les formes? C'est la raison pour laquelle la conscience, essentiel, se pose en sujet.

 

Comme n'importe quel sujet, la conscience se développe. Elle peut, en quelque sorte, grandir et diminuer en taille. On peut ainsi considérer que la conscience doit être de la "même taille" que la dynamique qu'elle observe, auquel cas, au lieu de saisir la nature de la pulsion (l'âme, la pulsion entière), elle ne verra qu'un morceau de cette dernière (l'animation, une partie de la pulsion).

Exemple : Vous voyez un combat dans une arène, vous imaginez que c'est un combat réel, ce qui a été confirmé par un membre du public. Cependant lorsque vous regardez ledit combat avec un peu plus d'acuité, vous vous rendez compte que ce n'est rien d'autre qu'une démonstration parfaitement exécutée.

 

Remarque : Il est des pulsions qui sont d'une stature démentielle... Ce sont les questions existentielles, ou vices antiques, des créatures immémoriales qui sont autant de murs pour l'humanité. Nous verrons ces pulsions dantesques plus tard.

 

La conscience possède différents modes de fonctionnement selon les circonstances. Mais pour la comprendre plus concrètement, on peut la considérer, de manière générique, comme un simple intérêt.

En fait, on pourrait aussi parler d'attention. Mais j'userai plus encore de ce mot plus tard avec plus de précisions, alors pour l'instant, confondons les quelque peu pour saisir la matière organique de la conscience.

 

Cette attention, cet intérêt, peut être déporté dans des directions différentes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle de nos jours nous considérons que la conscience et le mental ne font qu'un. En effet, il arrive souvent pour un moderne que toute son attention soit tournée vers ses pensées. Non pire, il arrive que tout son intérêt soit tourné vers quelques pensées bien pauvres.

Exemple : Vous êtes en sortie avec vos amis, mais tout votre intérêt est focalisé sur cette seule pensée tout du long : «  à quoi est-ce que je ressemble », ou bien « est-ce que mon apparence est la bonne », ainsi vous recherchez dans les yeux des autres cette approbation qui a besoin d'être renouvelée toutes les 5 minutes. Ce n'est qu'en arrivant au cinéma que finalement, vous pouvez vous décoincer votre attention pendant 30 minutes pour la reporter sur ce film qui finit par vous absorber par sa qualité (le temps de lâcher la bride, 1 heure de film aux oubliettes).

C'est la tendance moderne que de tout résumer à la pensée. Mais en vérité les obstacles sont bien plus variés : c'est juste que le moderne est aveugle. Ainsi la conscience peut être autant focalisée sur le mental, que sur l’émotionnel avec quelques sentiments envahissants ou bien sur le sensationnel avec quelques stimulus obsédants.

 

Les formes de la conscience sont en fait autant de mouvements possibles pour cette dernière. L’intérêt peut bouger selon certaines possibilités. En théorie, l’intérêt se fait tout seul : nous portons attention sans efforts aux choses qui nous attirent. En ce sens on pourrait dire que l’intérêt (la conscience) est naturel, et c'est pire encore. L’intérêt EST le naturel humain (mais les choses ne sont pas si simples).

 

Voici une métaphore :

- Supposons que la conscience se déploie avec 4 angles droits : elle formera un carré ou un rectangle.

- Supposons qu'elle forme 3 angles : elle formera un triangle.

De la même manière, chaque mouvement, élan ou même fusion vis à vis des pulsions et autres réalités environnantes établira un positionnement de la conscience, qui à terme, va générer... Une forme !

Cette forme, c'est la personnalité : l'expression de la conscience, de la nature.

Évidemment, c'est un processus complexe qui agit sur différents "niveaux de profondeur". Les questions, les sujets ne sont pas les même selon le niveau de préoccupation: un changement de positionnement de la conscience par rapport à la survie ne soulèvera pas autant de changement qu'une modification de notre intérêt quant aux relations sociales. Nous essayerons d'être plus explicite plus tard, mais pour l'instant, un exemple. Ou plutôt encore une métaphore.

 

Exemple: Ne remettons pas en cause l'archétype de l'homme moderne, et considérons la seule sphère sociale.

Une tension excessive vis à vis de la question de la liberté produira une forme de "désinvolture", un excès de liberté (disons au passage que, souvent, la désinvolture est exercée horizontalement et non verticalement, en clair on prend facilement des liberté avec nos égaux et non pas nos supérieurs hiérarchiques...)

Un retrait de votre conscience vis à vis des relations sociales vous rendra "misanthrope", peu ou prou.

A noter que des valeurs importantes pour votre milieu peuvent ne susciter aucun intérêt spécial chez vous, et donc aucune forme particulière. Il faut aussi considérer les dynamiques du moment, si elles vous impactent, les questions de sociétés par exemple: Le déploiement de votre intérêt ou le retrait de ce dernier, vis à vis du "problème écologique du 21ème siècle" par exemple, vous dépeindra comme progressiste ou réactionnaire, et plus encore si on rentre dans le détail.

Le tout mélangé à toutes les formes de sujets qui peuvent vous concerner, qu'ils soient contemporains ou existentiels (et plein d'autres trucs), fondera, en fonction de votre intérêt pour toutes ces forces, une forme synthèse. Votre personnalité.

C'est ainsi que vous pouvez être un résumé comme un petit con bourgeois, une folle furieuse, un champion playboy, etc.

Évidemment là ce sont des caricatures. C'est amplement suffisant pour la pédagogie. Ici le but n'est pas de singer la sociologie qui fait un bien meilleur travail pour traiter des catégories (encore qu'elle est presque toute englobée dans le seul archétype de l'homme moderne, comme s'il n'existait pas d'autres façons d'être...). Mais nous verrons plus tard la grande différence qu'il existe entre cet exposé, et la sociologie... Et il n'est pas des moindres!

Remarque: Comme à mon habitude, ici les catégories sont improvisées et ne servent qu'à comprendre le principe ! Et pour bien faire les choses, comme dit plus haut, il faudrait considérer des niveaux d'importance.

 

La personnalité résulte de donc de ma gymnastique quant aux pulsions qui m'entourent (acceptées ou non) et selon la façon dont j'en use.

Attention, parfois il peut arriver que je sois plongé dans d'autres contextes. Si ces derniers sont profondément différents de ce que je vis habituellement, alors les problèmes, questions, réponses posées ne seront pas les même. Ainsi je vais déployer une animation différente, une personnalité que l'on pourra qualifier de « secondaire ».

Exemple : Lorsque vous êtes au travail, vous êtes très sérieux, presque rigide. Mais avec vos amis du club de foot, votre attitude se veut beaucoup plus laxiste, quelque peu "macho man", et vous le faites un peu pour éviter qu'on vous charrie sur votre style de comptable austère. C'est le prix à payer pour jouer, et c'est pas forcément plus de pression qu'au travail, donc bon...

Il est possible en ce sens d'avoir une multitude de personnalités. Toutes adaptées à un contexte différent. Mais attention, on parle vraiment de situation différente pour lesquels celui/celle que nous sommes d'habitude ne suffit pas. Autrement il est des personnalités assez solides qui peuvent s'adapter aux différents contextes sans changer de forme pour autant.

 

Bon, par la suite nous allons voir que la vie n'est pas un long fleuve tranquille pour la conscience.

 

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