Pourquoi diable parler de magie ?
Simple, c'est vraiment la seule notion qui est apte à vous faire comprendre les effets combinés d'une forme pulsionnelle.
On attend généralement d'un rituel de magie qu'il provoque certains effets sur le monde qui nous entoure. Sauf que là, on ne parle pas d'une action traditionnelle. J'entends par action traditionnelle une action dont les résultats peuvent être appréhendés par la compréhension mentale et qui respecte ce que l'on gage des lois de la physique.
Avec la magie, on s'attend à des résultats incompréhensibles, ou plutôt en vérité des moyens d'actions incompréhensibles. C'est comme si la relation de cause à effet nous était complètement inconnue. On ne sait pas pourquoi, mais le rituel va provoquer des résultats que le mental n'aurait pas pu prévoir.
Et c'est bien ce que l'on pourrait dire de la magie dans un premier temps : une relation de cause à effet insaisissable pour la raison. Pourtant, nous pouvons d'ores et déjà supposer sinon un fonctionnement, une vulgarisation de ce fonctionnement, ce au regard des notes précédentes.
Si les formes sont des systèmes de vie, alors changer quelque chose dans la forme revient à s'attaquer à toute une forme de vie (un mode de vie). Ainsi, théoriquement, la magie est aussi l'art de jouer avec les formes et les identifications pour provoquer des transformations.
Pensez vous qu'un "macho" restera "macho" s'il se met intensément à une activité telle que la couture, considérée comme "féminine" ? Non, on risque de le dépeindre autrement. Qui plus est, tout le système d'amitiés dont il disposait risque bien de s'effondrer : on va de se moquer de lui.
Mais nous devons voir dans ce jeu des formes, des relations de cause à effet absolument inexplicables. Et pour illustrer cela, je ne peux que vous parler de la théorie du chaos.
Qu'est ce que la théorie du chaos ?
Le fameux battement d'aile du papillon qui provoque une tornade. C'est cette idée qui veut que quelques détails imprévisibles, ou invisibles, viennent faire complètement capoter ce que l'on avait prévu à la base.
Sauf que voilà, le vrai sens de la théorie du chaos, c'est que ces détails qui viennent tout perturber sont en vérité... Tout sauf des détails !
Il faudrait les envisager comme des aspects essentiels que l'on minimise, voire que l'on ignore complètement. Et forcément, ne pas considérer l'essentiel au regard de son vrai potentiel, ça change tout.
Exemple : Imaginez un homme préhistorique, on lui apprend à faire du feu. Puis de retour chez lui il recommence l'opération : il prend des branchages, de la mousse, deux silex, et il ne manque pas de réaliser le geste adéquat. Il produit de belles gerbes d'étincelles. Mais ça ne prend pas !
Forcément, il pleut. Et ça, ce n'est pas un détail : un environnement sec est une condition sine qua non pour pouvoir faire du feu, mais évidemment, notre homme préhistorique ne le sait pas.
Tant pis. Il réussira demain.
Des détails qui n'en sont pas, voilà ce qui régit le jeu des formes. Des choses impossibles à voir au travers du seul mental. En ce sens, ce que l'on appelle magie n'est pas tant surnaturel (tout dépend de l'acception de ce mot) qu'irrationnel ! Des phénomènes que l'on ne connaît pas !
Vraiment, le monde pulsionnel est pétris de paramètres, de liens, de connexions et de puissances qui nous échappent totalement.
Et c'est bien là ou je veux en venir, parfois, un acte anodin en apparence ne manquera pas de provoquer un tsunami au regard de la vie humaine !
Pourquoi ? Parce qu'il touchera à quelque chose d'essentiel et que vous ignorez.
Il m'est impossible d'illustrer ce que je ne vois pas, mais je peux bien faire une métaphore.
En fait, c'est un peu comme un contrat. D'ailleurs, ne parle-t-on pas souvent de pacte en magie ?
Donc. Dans un contrat il y a des clauses qui vous engagent et qui engagent votre partenaire : vous êtes censé obtenir des avantages, et effectuer des actions qui avantagent votre partenaire (si tant est que chacun sait lire un contrat!)
Pour les archétypes, il y a déjà quelque chose qui relève de cette idée de manière évidente, voyante.
Toutefois il est bon de rappeler que ce qui se vend ici, c'est vous même : une identification à un archétype implique de changer pour ressembler à cet archétype : si vous le faites vous obtiendrez les avantages de cette image, mais aussi les inconvénients.
Exemple: Vous avez gagné un télé-crochet, vous êtes devenu(e) une star de la chanson ! Seulement voilà, il y a plein de choses qui tendent à changer dans votre vie et que vous ne soupçonniez pas. Dorénavant, vous comprenez que vous devez constamment faire attention à votre apparence, ce depuis ces articles assassins sur votre style vestimentaire pour une sortie banale. Pourtant il y a de cela quelques mois vous étiez un(e) jeune adolescent(e) qui avait le droit à l'indifférence.
Pire, vous devez maintenant entretenir l'attention à votre égard, sous peine de perdre de l'attrait, c'est ainsi vos repas de tous les jours sont autant de photographies publiées sur les différents réseaux sociaux, ce afin de garder la lumière sur vous. Qui aurait pu croire que devenir une célébrité impliquait (entre autres) de revoir même le rituel du repas ?
Mais, pour vraiment rendre compte de la magie, ce qu'il est bon de dire, c'est qu'il existe un grand nombre de clauses implicites, pour ne pas dire invisibles. Pire, on pourrait vous faire croire que ce sont des points sur lesquels vous êtes libres et non engagés, alors qu'en vérité il n'en est rien.
Exemple : Vous avez compris à vos dépens que devenir une "star" vous bloque jusque dans votre liberté d'opinion. De fait, officiellement, vos partenaires vous disaient que vous étiez libre, libre de penser, libre de croire en ce que vous voulez. Pourtant, il a suffit que vous manifestiez votre opinion à propos d'un candidat politique quelque peu polémique pour que tous vos partenaires vous lâchent comme une vieille chaussette. La magie de la célébrité... Littéralement !
Maintenant imaginez un contrat avec des centaines de clauses invisibles (Un contrat évolutif d'ailleurs : renégocié de manière de plus en plus engageante à la mesure de l'intensification de votre identification). C'est cela le pouvoir magique de la forme, on ne sait pas pourquoi, mais déroger à un système, une identification, ne manquera pas de provoquer des séismes : d'un coup d'un seul toutes les portes s'ouvrent ou se ferment.
D'ailleurs, c'est quelque chose que tout un chacun peut déjà pressentir, les opportunités relèvent plus souvent de signes de reconnaissances invisibles qu'autre chose. Mais vous n'imaginez pas à quel point ! Il y a là "quelque chose" en plus, une "chose" invisible qui pousse ou repousse selon votre position vis à vis du système/forme.
Remarque : Ou est elle cette chose, et que cache-t-elle ? Une bonne question à se poser. Et dites vous bien que le cœur d'un système n'est jamais
là ou on le croit ! (Sinon tout le monde pourrait l'atteindre.)
Mais, n'avez vous pas remarqué que même à l’égard de cette vie des symboles, la parole publique est très ambigüe lorsque l'on y prête attention : parfois, dans les débats publics, on parle du système comme quelque chose d'autonome, qui a sa propre logique de survie. Comme si il y avait là je ne sais quelle créature ou idole... A vous de voir si cela relève de la métaphore ou non.
Remarque : De mon point de vue, un système est tout sauf une machine...
Un dernier point : il faut tout de même dire que les contrats ne se valent pas tous. La conscience n'est pas neutre, et elle ne peut se plier avec aisance envers tous les archétypes. Ainsi certaines identifications seront infécondes pour votre épanouissement personnel, (bien qu'elles puissent « briller » aux yeux des autres) quand d'autres exprimeront votre nature avec grâce. C'est que ce n'est pas la même chose de passer un contrat avec Dieu ou un pacte avec le Diable !
Voilà. Difficile de rendre compte de l'idée de magie au regard des formes. D'autant plus qu'ici l'exercice est un parallèle : je ne suis pas magicien ! Pourtant je suis bien conscient que certaines relations de cause à effet sont démentielles, et absolument inabordables pour la pensée.
Seule la conscience peut permettre à terme de saisir ce qu'il y a d'essentiel et effectif dans le jeu des formes.
Et aussi... Les rêves ! Section à venir...
P.S : De quelle nature sont les contrats que vous avez passé avec votre image ? Sont-ils à votre avantage ? Sont-ils vrais ? Est-ce vraiment votre nature qui transparaît dans la forme ?
Bonus
Quittons la magie pour revenir quelque peu sur la forme, au sens de la note précédente.
Nous avons parlé de logique à respecter, d'état d'esprit. Mais il ne faut pas imaginer que tous les membres d'un même univers pensent exactement pareil. Non, ils ont des accords ! Et c'est bien différent.
En fait il existe un champ des possibles, et des limites qui vont avec.
Dans le monde des âmes, les limites ne sont pas quantitatives, mais qualitatives. Ainsi, le "macho" s'arrête là ou "l'efféminé" commence (c'est une caricature).
Le champ des possibles est comme un curseur qui se déplace sur une ligne ou au sein d'un cercle.
Chaque déplacement du curseur donnera une attitude spécifique comprise au sein de l'archétype. Mais il existe des limites à ne pas outrepasser, sous peine de ne plus être l’archétype en question mais devenir autre chose.
Exemple : Déplacement du curseur sur la ligne. Macho, puis viril, puis homme traditionnel, jusqu'à une certaine limite à ne pas dépasser sous peine de devenir autre chose.
Évidemment, c'est la version courte.
Maintenant considérons très vites les chaînes de commandement. En effet, il n'est pas difficile d'imaginer, au sein des archétypes, des familles. C'est ainsi que des formes fondamentales, collectives, conditionnent des formes plus individuelles.
Pas de "classe moyenne", de "comptable", de "star", de "consommateur", de "secrétaire", de "journaliste", ou autres "champions" et "femmes d'affaires" sans "homme/femme moderne" au préalable.
Et qu'est ce que l'homme/femme moderne ? Un positionnement collectif, un système quant à des questions plus fondamentales relatives (probablement) à la survie, et autres questions existentielles. Il m'est quasiment impossible de traiter d'une catégorie si tentaculaire et obscure sans astuces : donc on va la jouer fine, et faire très court.
Donc, qu'est ce qu'un être humain moderne ? Entre autres choses, c'est quelqu'un qui va chercher sa nourriture dans un caddy (directement ou indirectement) et non dans la forêt.
Ce simple attribut conditionne une palette d’archétype. Vous ne pouvez pas aller chercher votre nourriture dans la foret ou la savane et rester durablement un "comptable", un "play-boy", une "star". C'est un prérequis indispensable qui conditionne une sorte d'espèce : aussi différents soient les archétypes, à un certain niveau, ils possèdent le même aspect, une forme commune donc.
Je vous laisse imaginer à ce stade, combien certains archétypes fondamentaux sont ancrés et puissants. Mais la question étant : nous sont-ils vraiment naturels ? (ce n'est pas une réponse induite, posez-vous vraiment la question !)
Remarque : Ici nous faisons encore une fois preuve d’astuce pour pénétrer les systèmes. Ce n'est même pas de la sociologie de comptoir, c'est bien pire encore, avec une teinte de surnaturel/irrationnel qui plus est. Toutefois, j'estime qu'en soi, l'idée se comprend, et il faut garder en tête que le but est surtout de saisir le principe. Si vous voulez de la rigueur, faites vos catégories vous même.
Écrire commentaire