Qu'est-ce que la vie ? Question à peine compliquée... mais bon, avec un peu d'astuce, on devrait s'en sortir. On pourrait dire dans un premier temps que la vie, ce n'est rien d'autre que le fait d'exister. C'est du bon sens, et ce n'est pas dénué de pertinence.
Pour autant, nous ne sommes pas plus avancés. Oui, car au fond, c'est quoi exister ?
Une tentative grossière, mais pas idiote, serait de dire que l'existence désigne tout ce qui est présent dans l'univers. Et c'est logique, si je ne suis pas présent dans l'univers, alors je n'existe pas.
Exemple : Je suis dans l'univers, alors j'existe. En revanche, je n'ai jamais vu de « rond carré » dans l'univers, alors ça n'existe pas. Du moins jusqu'à preuve du contraire.
Cette présence au dedans du cosmos est qualifiée de manifestation au regard de la métaphysique. Ce sont deux termes - existence et manifestation - que l'on ne manquera pas d'utiliser indistinctement.
Mais ce n'est pas assez clair à mon sens. Pourquoi ? Parce que dit comme cela, je ne sais pas vraiment où commence et où s'arrête l'univers. Par exemple ma pensée, bien qu'elle ne soit pas concrète pour les sens physiques, peut être attestée formellement, je veux dire par là qu'elle existe : c'est le fameux « je pense donc je suis ». Très bien, mais du coup, je la situe où ? Dedans l'univers ou dehors ?
En d'autres termes, il faut identifier les frontières du cosmos si l'on veut savoir quoi englober dedans.
Pour bien délimiter son cadre, nous allons devoir considérer l'univers autrement. D'une manière plus technique dira-t-on. Sur ce point, la métaphysique est claire, précise : si l'on considère l'univers à travers une perspective qui se veut la plus épurée possible, alors on peut dire de lui qu'il s'établit par le biais de deux constituants fondamentaux. Le temps et l'espace. Tout ce qui s'inscrit dans le temps ou l'espace est au dedans de l'univers, et tout ce qui est en dehors du temps ou de l'espace est de la même façon au dehors de l'univers. Autrement dit, les limites du temps et de l'espace distinguent ce qui existe de ce qui n'existe pas.
C'est pas mal, mais encore un peu trop compliqué à mon goût. Toujours trop abstrait...
Alors posons-nous cette question : qu'est ce que le temps et l'espace mesurent en définitive ?
Le mouvement. Le mouvement sur l'axe du temps ou sur l'axe de l'espace.
- Lorsque je me déplace, je bouge dans l'espace.
- Lorsque je change, je bouge dans le temps (ça pour les humains, ça s'appelle vieillir !).
Nous pouvons donc maintenant faire notre dernière reformulation.
La vie, la manifestation, ou autrement dit l'existence concerne toutes les réalités qui peuvent changer et/ou se déplacer.
Par voie de conséquence, tout ce qui bouge ou qui change est compris dans l'univers. Au contraire, ce qui ne bouge pas ni ne change pas n'est pas de notre monde. Simple non ?
Remarque : C'est ce que l'on suppose allègrement de Dieu ou des morts, que l'on imagine ailleurs ou nulle part selon que l'on considère qu'il existe quelque chose « au dehors » ou non...
Dans l'armoire...
Tout cela englobe une myriade d'entités, très disparates les unes des autres. Mais heureusement, il est possible de classer le vivant en quelques catégories. On le fait au regard des différentes façons de se manifester, des multiples façons d'être présent au monde, ce qui nous permet de définir des types de réalité distincts.
Les tambouilles sont diverses et variées... Toutefois, certaines s'imposent à tous avec évidence.
Et justement. C'est bien là que les choses deviennent intéressantes pour nous, car personnellement, des rangements, j'en vois 4. Comme dans le monde antique.
-La réalité physique
-La réalité émotionnelle
-La réalité mentale
Et...
-La réalité de l'âme
Oui, je sais, si tout le monde est d'accord pour les trois premières (encore qu'il faille expliquer pourquoi !), la quatrième est beaucoup moins évidente. Et pourtant, si je vous disais que la réalité de l'âme est aussi visible que le reste, me croiriez-vous ?
C'est ce que nous allons voir par la suite. Mais pour l'instant, explicitons un peu ces trois premières assertions.
En théorie, je n'ai pu citer ces réalités que parce qu'elles traduisent soit des déplacements, soit des changements. Au moins à l’échelle microscopique. Ces trois dimensions remplissent-elles tous les critères ?
Oui. De fait, tout ce qui est englobé dans ces réalités... existe. Sans aucun doute possible (déplacement et changement).
Commençons par le concret.
La réalité physique : L'être humain existe, l'animal existe, l'arbre existe, et la pierre existe.
Oui, une pierre... ça existe. Et c'est ici que l'on perçoit quelque chose de drôle. Certains seront portés à se tromper en disant que non, une pierre, ce n'est pas vivant.
Comprenez bien que ce n'est pas la question ! L'existence, ce n'est rien d'autre que le fait de témoigner d'une présence, d'une réalité, « d'être » bien là, ou d'être tout court. Pas de vivre.
Exemple : Si je vous dis que la pierre devant moi existe, je ne mens pas. Elle est là, c'est un fait, n'importe qui peut attester sa réalité. Et si vous me dites que cette pierre n'existe pas, je vous rétorquerai qu'elle est bien là en la désignant.
Remarque : Au pire, je vous la jetterai à la figure, histoire de bien attester de son existence.
Nous faisons la distinction entre « exister » et « vivre », soit, mais alors qu'est ce que cela signifie de « vivre »?
Nous aurons bien l'occasion d'y revenir, mais disons pour faire court qu'être vivant, c'est être animé. Il faut voir cela comme un mouvement qui s'allume de l'intérieur. Autrement dit, il s'agit posséder la cause de sa transformation ou de ses déplacements à l'intérieur de soi. Non plus à l'extérieur comme la pierre qui est ballottée dans l'espace...
Plus la liberté de vos mouvements quant à l'espace et au temps relève de l'autonomie, d'un mouvement intérieur, et plus vous paraissez vivants.
Ainsi, à comparer les différents règnes :
-La pierre existe, mais ne semble pas vivante, car elle ne change pas, ni ne bouge par elle-même.
Remarque : Du moins à nos yeux, mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas le cas, qui sait ! Peut-être qu'à sa façon... Au passage, il faut bien préciser que le règne minéral est parcouru de mouvements lui aussi, bien que ceux-ci soient moins visibles : les planètes bougent , les cailloux sont amenés à être déplacés ; et quelle que soit la pierre considérée, elle témoignera d'un mouvement spontané à l’échelle microscopique (les atomes bougent d'eux-mêmes).
-La plante existe, et elle est vivante, car elle change à travers le temps. De plus elle bouge, mais principalement dans une seule direction. Toutefois, la lenteur de ses changements d'état et la restriction de ses mouvements tendent à ce qu'on l'envisage presque comme un objet... Tristement.
-L'animal existe, et il semble plus que vivant, car il bouge et il change de manière évidente. Cependant, ses changements et déplacements relèvent de mouvements non discutables - l'instinct - qui le dominent.
-Enfin, l'Homme existe, et il est le plus vivant de tous. Il bouge et change, et de plus il est en capacité de discuter son instinct, c'est donc lui qui décide : ici, le mouvement est beaucoup plus « intérieur », car l'homme est animé par une vie intérieure féconde.
Remarque : Oui, bon, je sais qu'actuellement il y a des hommes et des femmes qui me font mentir.
On peut dire (grossièrement) pour l'instant que l'existence désigne l'extériorité, et le fait de vivre désigne lui l'intériorité.
Création et créateur. Il y a un peu de ça.
Ce qui ne se touche pas.
Mais qu'en est-il des réalités dites « virtuelles » ? La pensée par exemple, peut-on attester de sa manifestation ?
Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, on peut dire aussi d'une pensée qu'elle existe. Lorsque je pense du mal de vous, c'est un fait non ? Et si je suis de mauvaise humeur, vous pourrez allègrement en témoigner...
Ce qui peut vous déranger ici, c'est que ce fait n'appartient qu'au seul monde mental : il n'est visible que dans « ma tête », et non pas dans l'espace. Malgré tout, ma pensée est une réalité, car elle relève bien du temps, du changement, ainsi on pourrait la voir comme une forme changeante seulement accessible pour le cerveau, et non pour les sens physiques au dehors.
En revanche, difficile de dire d'une pensée qu'elle est vivante (quoique, affaire à suivre...). En effet, bien que située dans ma tête, donc dans un monde intérieur, la pensée n'est pas autonome.
Remarque: Ne confondons pas la volonté, créatrice (et vivante) dans le monde mental, et la pensée, création du monde mental.
Pour les émotions, l'exemple est le même, et plus facile encore puisque bien des éléments relatifs à l'émotion se traduisent dans l'espace, sur le corps. Les fameuses « réactions ».
De fait, on pourrait dire du virtuel en général (qui n'est pas vraiment virtuel, mais plutôt subtil, du moins au regard du concret) qu'il est un changement de forme invisible, ou peu visible dans l'espace (ou seulement visible dans un espace limité, comme avec la télévision). Des formes difficilement quantifiables donc, pourvues d'une mobilité plutôt intérieure.
Conclusion : la vie, au sens de l'existence, désigne le fait de posséder une réalité qui est soumise aux changements et/ou aux déplacements (on peut aussi attribuer la mesure quantitative pour désigner l'espace, autrement dit « ce qui possède une taille » existe, mais pas besoin de compliquer les choses).
Voilà de quoi amorcer un bon départ pour susciter un bouillonnement intérieur. Tout cela va nous servir pour la suite des réjouissances. Avant de vous laisser, une petite réflexion pour vous stimuler : Il est possible d'exister sans être vivant, comme une pierre. Mais peut-on « vivre » sans exister ? Sans se manifester ?
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