Les bases - note n°13 - Les accidents, le mal

 

Nous allons parler des accidents. Alors, je ne fais pas référence aux accidents de la route. En revanche, si l'on considère l'accident comme un évènement inattendu... on est pas loin de ce que je veux dire !

 

Qu'est ce qu'un accident ?

Pour le comprendre, il faut placer la notion en rapport avec la substance !

La substance désigne ce qui relève de l'action de l'essence, de l'influence directe de l'essence.

Exemple : Je suis petit pour un homme. J'ai la peau très pâle. Toutes ces caractéristiques m'appartiennent en propre, elles sont substantielles. Elles sont le reflet de mon individualité.

Les accidents quant à eux, désignent ce qui relève de l'influence... d'autre chose. De quelque chose qui n'est pas l'essence.

Exemple : Je suis tout sale parce que j'ai bricolé ma voiture. C'est la voiture qui est la cause de mon apparence négligée.

 

A ce titre, si l'essence ou la substance sont permanents, l'accident, lui, ne l'est pas.

Exemple : Mme Sigma est trempé. Le fait que M. Sigma soit trempé est bel et bien un accident, un phénomène passager. Dans 10 minutes, M. Sigma sera probablement sec. Par contre le fait que M. Sigma soit un être humain n'est pas une caractéristique transitoire.

 

Faisons plus simple. On pourrait dire de l'accident qu'il est une affection qui provient toujours du dehors, de l'extérieur. Tandis que la substance parle d'une affection qui provient de l’intérieur, de l'essence.

Je le répète autrement. La substance désigne un effet (plus ou moins proche) produit par la cause intérieure, inhérente à la chose, tandis que l'accident désigne un effet produit par une cause extérieure, en dehors de la chose. La substance est reliée à mon moteur, l'accident est lié à un moteur qui m'est étranger.

Exemple : Si je suis un homme, c'est à cause de ma nature propre, ce n'est pas accidentel. En revanche, si je suis tout rouge, c'est parce que mon voisin – du dehors donc – m'a renversé un pote de peinture sur la tête sans le faire exprès. Pour le coup, c'est accidentel dans tous les sens du terme...

 

Donc, les accidents peuvent nous affecter, interagir avec nous, mais ils ne nous caractérisent pas.

 

Pourquoi je vous dis cela ? Simple.

Me croiriez-vous si je vous disais que ces accidents permettent de comprendre ce qu'est... le mal ?

 

L'origine du mal est, au fond, plutôt simple à envisager. Le mal, le vice, ou l'erreur dans une moindre mesure, consiste à s'identifier aux accidents et non à la substance. Autrement dit, le mal au sens le plus large du terme apparaît lorsque l'on se prend pour ce que l'on est pas.

Exemple : Vous êtes profondément honnête au fond de vous même, c'est un vrai moteur, une valeur innée. Pourtant on vous a appris que pour réussir dans la vie, il faut être arriviste, tricher, ruser, mentir. Malheureusement, vous épousez cette éducation qui vous écarte de votre nature.

Bien sur, c'est surtout au regard des essences, et donc des pulsions, de la nature, que l'erreur est dommageable. Lorsque l'on confond certaines qualités motrices, intentions au travers d'une identification trompeuse. Épouser les formes, les pulsions qui ne nous appartiennent pas, voilà la source du mal humain.

 

Le mal, c'est le bien.

Si l'accident surgit, c'est surtout parce que le bien est réduit. Et c'est tout ce que l'on peut dire du mal : il n'est qu'un bien trop partiel pour générer les effets qu'il devrait produire.

Exemple : Tout défaut est une absence de qualité, une qualité pauvre. L'avarice n'existe pas par elle même, elle ne fait que traduire une absence de générosité, ou plutôt, une générosité très faible, insuffisante.

 

On va illustrer les choses autrement. Le mal, c'est l'abandon de l'action de votre moteur au profit de l'influence d'un moteur étranger. En gros, c'est vous tromper de voiture !

Ainsi, lorsque le bien est réduit (lorsque la voiture est abandonnée) il ne peut pas produire le mouvement et les effets que nous attendons de lui. Et ce sont des influences extérieures qui viennent prendre le dessus, et affecter, accidenter l'être (en utilisant une voiture qui ne vous correspond pas).

 

A partir de quoi le bien est-il réduit ?

A partir de la conscience, évidemment. Le conducteur ignorant.

Une déformation provient d'une méconnaissance : nous identifions mal les pulsions qui nous habitent, nous les voyons de manière partielles, nous ne comprenons pas leur sens, nous ne les reconnaissons pas, et surtout nous les confondons avec d'autres, ou les interprétons selon une logique qui ne leur correspond pas.

Lorsque la conscience est réduite, c'est souvent parce qu'elle est éparpillée, stagnante, ou qu'elle navigue dans un milieu très malsain. Si l'immaturité de la conscience est un facteur (absolument normal), c'est principalement les accidents qui viennent parasiter la conscience, en faisant écran, et donc en retenant la connaissance que nous pourrions avoir de nous même.

Exemple : Vous avez certaines qualités latentes, mais si vous arrêtiez de vouloir attirer l'attention en vous donnant des allures de star, peut-être que vous les verriez.

 

Péché capital.

Certaines identifications vont complètement à rebours de ce que vous êtes, et de ce fait, elles sont contre-nature. Lorsque nous engageons des mouvements sur la base de telles logiques, nous pervertissons notre âme jusqu'à parfois nous perdre totalement. C'est ce que l'on appelle la damnation.

Exemple : Gageons que votre moteur, ou qu'un attribut très proche de votre moteur soit la générosité.

Du point de vue de cette générosité latente, il serait insuffisant de faire preuve de gaspillage, le gaspillage étant une forme incomplète, imparfaite de la générosité.

Mais il y aurait pire. Ce serait d'être radin. Pourquoi ? Parce que l'avarice est (je crois) le mouvement inverse de la générosité, et à ce titre, une négation pure et dure de votre être.

L'avarice est le mouvement qui vient diminuer le plus possible votre qualité la plus vraie. Ce qui va à rebours de l'action de votre moteur.

Prenons le contre-pied. Pour quelqu'un de prudent, l'avarice serait une déformation, un défaut. Un mauvais usage de la prudence. Mais pire encore serait le gaspillage, qui viendrait diminuer votre prudence au niveau le plus bas. Alors ne jouez pas au philanthrope si cela ne vous ressemble pas.

Remarque : Vous devinez que les relations entre les différentes forces sont plus qu'intéressantes. Et bien plus complexes que ce que je viens de dire.

Donc. Les mouvements qui viennent nier votre nature sont dits « contre-nature ». On peut les voir comme des genre de péchés capitaux.

 

Évidemment, selon le niveau de l'être que l'on considère, il y a autant de mouvements contre-nature : on peut contrevenir à sa nature individuelle, à sa nature particulière, ou encore à son humanité à proprement parler. Infraction, délit, crime.

 

Le diable n'est pas toujours doté de cornes...

Vous l'aurez peut-être compris, si l'on étend le raisonnement, alors le mal peut prendre des visages bien différents de ce que l'on imagine.

Admettons que vous soyez professeur. Est-ce que ce métier est relatif aux aléas de la vie, ou bien est-il une expression de votre nature ? Autrement dit, est ce que ce métier est accidentel, ou substantiel ?

Si vous avez la fibre de l'enseignement (la pulsion en propre) alors vous êtes ) votre place, si ce n'est pas le cas... vous êtes dans l’erreur.

Un mal naïf.

Remarque : L'erreur est un mal naïf et le vice un mal manifeste.

 

Arrêtons-nous là. J'imagine que vous vous dites que pour comprendre le mal, il faut aussi comprendre le bien. C'est logique. Et c'est dans la suite.

 

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