Certains points que je vais énoncer ici méritent beaucoup plus de développements. Tout cela viendra au moment de la section hybride entre psychologie et magie. Ce qui suit sert à illustrer un symbole précis et des difficultés bien réelles. Bien qu’atténué, ça se comprend. Pas besoin d'aller trop loin.
La bête à cornes
Nos précédents développements supposaient, au travers du temps linéaire, un réveil du désir par la redirection de l'attention.
Réveiller le désir, pourquoi pas ? Mais réveiller le démon avec ? Certains fantasmes que nous portons en nous sont « tabous », car moralement condamnables. Il serait bien dangereux pour notre estime et l'image que nous nous faisons de nous même d'accepter de tels fantasmes comme étant les nôtres, et ce serait pire encore si l'on se mettait à désirer consciemment des choses malsaines, ou perçues comme telles.
C'est que, posséder un mal en soi-même pose beaucoup de questions. Surtout s'il surgit de manière spontanée : est-il une révélation de notre nature ? Peut-être que c'est la société qui se trompe, et pas moi ? Peut-être que mes phantasmes - ou pour le coup mes "fantasmes"- sont justes et seulement incompris !
Pas du tout. Enfin c'est rare. Gardez vos désirs de cochons bien en place.
Le mal fantasmé (le démon), en tant qu'il vit en nous, est une corruption générée par les effractions des faits de société dans l'âme humaine : nous vivons mal, et cela réduit notre innocence naturelle (le sens juste), qui ne parvient que difficilement à traverser ces couches de béton.
Dans un fantasme, il y a toujours une vérité, mais cette vérité sera plus ou moins réduite, plus ou moins accompagnée de mensonges en fonction de la pureté de notre âme pour le sujet considéré.
Vous avez bien quelque chose de sain dans ce fantasme qui vous vient à l'esprit, toujours, mais parfois c'est très difficile à voir.
Remarque : le fantasme malsain que je présente ici est quelque peu édulcoré (quoique). Je pourrais parler du mal en détail, car il n'est pas si impossible à comprendre. Mais il me déplaît de le faire. Alors débrouillez-vous un peu.
Exemple : Vous rentrez de votre journée de travail. Vous êtes allongé sur votre canapé. Devant ce programme télé que vous ne regardez qu'à moitié, vous vous lâchez intérieurement. Et ce sont des images chaotiques qui viennent à vous : vous voyez votre patron se faire agresser à coup de bâton. C'est terrible ! Vous vous interrompez. Vous n'êtes pas un sadique ! Ni un méchant ! Pourquoi lui souhaiter du mal ? Pourtant c'est bizarre... ça vient tout seul ! Et, c'est dur à dire, mais ça fait du bien ! Alors de temps en temps, vous y revenez, vous vous lâchez... Une bonne dizaine de coups de bâtons sur sa tête, pfiou, quel soulagement !
En vérité, pour dépasser ces images, il suffit d'agrandir sa conscience : ça veut dire faire preuve d'attention quant aux effets que les images produisent sur notre personne (est-ce que c'est si libérateur que ça comme projection? Ou encore, dans ces images, quel est le « vrai » détail libérateur ?), mais aussi prendre du recul et observer symboliquement ce qui se joue.
Lorsque la conscience est assez grande, elle purifie le fantasme ou désir considéré.
Exemple : Si vous aviez une conscience un peu plus grande de ces fantasmes qui surgissent, vous vous rendriez compte que ce que vous voulez vraiment, c'est vous opposer à votre supérieur, qui est si abusif avec vous. C'est là que réside votre colère juste et légitime. Seulement vous vous sentiez incapable, physiquement et moralement de le faire, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle vous visualisiez quelqu'un d'autre à la manœuvre, car l'image que vous vous faisiez de vous même ne pouvait rendre ce fantasme crédible si vous en étiez l'exécutant (mais dorénavant, vous savez que vous avez beaucoup plus de présence que vous ne le croyez...). Maintenant, avec le recul, vous comprenez que vous ne lui voulez pas du mal, mais vous devez lui faire cesser ses abus, et lui dire les 4 vérités qu'il mérite (et si besoin vous vous défendrez physiquement).
Mais ce n'est pas chose facile, car le fantasme est lourd, souvent fixé : chaque fois ce sont les même images qui reviennent, impossibles à dépasser. Cette fixation est simplement due au fait que le mensonge nous paraît indépassable, que le champ des possibles est définitivement réduit. Dans ce cas, dans une sorte de fonctionnement désespéré, nous répétons et répétons ces même images : en fait, on se débat contre les murs, et en vérité c'est même pire, car ce qui se joue ici... c'est un exorcisme.
Oui, si nous répétons les même images, c'est bien parce que nous cherchons un moyen de nous en affranchir. Seulement voilà, parfois à force de les répéter, il peut arriver que nous finissions par nous identifier à nos images, qui finissent par nous posséder. Combattre un fantasme, c'est affronter le démon.
Exemple : (imaginons la mauvaise version) A force de libérer ces fantasmes violents à l'encontre de votre patron, ils ont fini par devenir des désirs clairs et structurés dans votre esprit. Et à force de vous répéter ces désirs, vous finissez par vous y identifier : vous commencez sérieusement à réfléchir à cette idée. Pourquoi ne pas le tabasser en vrai ? Peut-être qu'en demandant à quelques amis cagoulés... ce n'est pas infaisable quand on y pense...
Comment ne jamais tomber dans le piège ?
C'est dur, mais disons ceci.
Une pulsion, qui lorsqu'elle est libérée, vous emprisonne et vous possède, est une pulsion tordue. Et il va falloir la redresser. D'ailleurs quand on y pense, c'est logique, il n'y a pas liberté à se sentir emprisonné, possédé...
En revanche lorsqu'une pulsion libérée (sous forme de fantasme et/ou de désir) vous rend léger, qu'elle vous donne des idées nouvelles, alors elle est merveilleuse, parce que créatrice. Ah, et pour les bonnes pulsions, on parle vraiment de symptômes physiques : la sensation de légèreté, la sensation de chaleur agréable , tout cela arrive vraiment.
Mais il faut dire plus : la grande difficulté c'est que parfois, ces pulsions refoulées ne sont pas mauvaises, mais seulement un peu immatures. Oui, parmi les démons intérieurs qui vous font face, il en est toujours un qui n'est rien d'autre qu'un animal sauvage, et que l'on prend à tort pour un démon. Cet animal pulsionnel, il convient de le libérer, contre votre morale toute faite.
Mais comment savoir s'il est bon de libérer une telle chose, si votre culture vous dit le contraire ?
Lorsque l'on remet la morale culturelle en question, que reste-t-il du bien ?
Le pseudo-temps linéaire et les saints
La société ne manque pas de façons de créer de fausses lignes de temps. En officialisant certains souvenirs, et en oubliant d'autres. En conseillant la bonne pensée, et en récusant la mauvaise.
Ces porteurs de la bonne parole, ce sont les saints. Qui sont-ils ? Le développement personnel, la psychologie, l'éducation, le bien être, la santé. Etc.
On peut y voir aussi les amis proches, la famille.
Dans l'un ou l'autre cas, chacun vous incitera à réapproprier votre intimité à leur façon. Mais vous n'êtes pas eux. Et s'ils peuvent être parfois de bons conseils, ils doivent disparaître une fois que celui-ci est entendu. D'ailleurs, on ne va pas se le cacher, ils disent parfois beaucoup de bêtises.
Qu'est ce qui est bien ? Qu'est ce qui est juste ? Qu'est ce qui est sain(t)?
Réponse courte pour un sujet long. Déjà, commençons par dire que, malheureusement, le bien est perçu comme une rétention : être quelqu'un de bien (surtout de gentil), c'est ne pas faire de mal. Ceci est faux, car cela, ce n'est que de la neutralité (bon évidemment la critique n'est pas totale, les limites ont leur vertus, mais pour l'instant c'est ce que vous avez besoin d'entendre ici).
Le bien est créateur, le bien génère des choses. Il n'est pas seulement une absence. C'est donc à cela qu'il se reconnaît : le bien existe en tant qu'il vous construit, vous développe, qu'il vous insuffle de la nouveauté, des idées.
Si la force que vous retenez est communicante, alors vous avez bien tort de le faire. Bien sûr elle peut faire peur, par son immaturité, mais à l'instar d'un enfant, c'est votre responsabilité que de la développer.
Exemple : Dans votre pays, les hommes ne dansent pas, à plus forte raison dans votre famille. Parfois vous avez envie... de totalement vous lâcher, et de danser ridiculement sur des musiques tout aussi ridicules. Si ce n'est pas souhaitable sous cette forme, ce n'est pas non plus mauvais ! En fait c'est le trop plein qui s'exprime, c'est pour cela que vous faites quelques débordements. C'est à vous de repartir cette envie comme il se doit, dans un cadre adapté. Et c'est bien pour cela que les désirs doivent s'exprimer dans un espace privé. Une chose est sûre, même avec débordements, la danse vous soulage, et elle vous parle : vous avez des idées de chorégraphie, de nouvelles danses à apprendre, etc.
Le bien n'est pas une morale, ce n'est pas un savoir. Le bien est une connaissance. Si la ligne de conduite que vous portez en vous permet de vous révéler, d'exprimer qui vous êtes, et que vous vous sentez vivant (et visible!) par cette ligne, alors elle est bonne.
Attention, il est tout à fait possible que ce qui vous retienne d'exprimer vos pulsions immatures relève non pas de la morale, mais de cette connaissance réelle du bien. Les contradictions positives existent !
Exemple : J'ai vraiment envie d'arrêter ce type, qui est méchant avec les autres, mais en même temps, si j'interviens, je vais l'humilier, et je n'en ai pas envie. De plus, il est important pour moi de me mêler de mes affaires, sans être invasif. Mais le laisser impuni, c'est injuste !
Que faire de ces 4 vertus réelles en bataille ?
Mais heureusement, elles peuvent toujours se résoudre, et surtout, elles ne produisent jamais autant de dégât que le vice exacerbé.
Dans ce cas, toujours pareil, agrandissez votre conscience de la situation, soyez attentifs. Et vous pouvez tenter aussi d'établir un dialogue entre ces deux (ou plus) facettes de vous même contradictoires. Et c'est bien là que les choses deviennent intéressantes : comment faire cohabiter deux forces naturelles que tout oppose ? Si le problème est compliqué, la résolution est gratifiante...
Remarque : la vraie sainteté ? Reconnaitre le bon dans notre vie individuelle ?
Étoile filante : la nuit est noire, mais un rayon de lumière – le souhait – déchire l'espace
Lorsque le démon est vaincu, la partie sauvage qui est en vous n'est plus confondue avec le diable. Et lorsque cet animal est observé de plus près, il se révèle : il est un petit enfant.
Remarque : Qu'est ce qu'un enfant sinon un petit sauvage innocent ?
Que diable vient faire un enfant ici ?
Le temps linéaire (et l'espace privé) est envisagé comme un premier espace-temps d'exploration en soi même. Donc l'aspiration (le désir pur), qui est l'accomplissement de cette étape est une première découverte de soi.
Il est plutôt drôle de constater que l'aspiration suscite, une conversion de la pensée en espoir, et une transformation de l'espace personnel en intimité, ce au travers du jeu.
Tout ceci relève d'un champ lexical très enfantin. Innocent.
Et c'est bien normal : la première révélation de l'âme humaine, le premier accomplissement du développement humain, c'est bien l'enfant intérieur – le désir pur.
A pousser le raisonnement plus loin, je vous incite à le considérer comme une première mesure de l’évolution humaine.
Pour qu'un enfant soit vraiment enfant, il doit apprendre à être attentif à ses désirs, il doit apprendre à se connaître par les désirs et par le jeu. Et viendra immanquablement la conscience de son souhait le plus cher, sa prière.
Donc plutôt que de le dresser, apprenez lui les notions fondamentales, et pour le reste, faites le jouer intelligemment. Juste jouer. Je suis certain que d'autres investissent cette idée mieux que moi. Je leur passe le témoin.
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