Nous avons affronté la queue du dragon, les pattes, il est maintenant temps de frapper la tête de la bête. Mais attention ! Elle crache des flammes terribles.
La bataille qui suit, l'avant-dernière, sera celle du temps dit vertical. Le niveau 3 !
Un troisième temps à intégrer, et par la même occasion un troisième axe symbolico-spatial. Et c'est un espace à trois dimensions pour la conscience qui nous attend.
Qu'est-ce que le temps vertical ?
Le temps vertical ? Compliqué de le définir, car inconnu au bataillon. Mais si je vous disais que vous le connaissez sans le savoir ? Bon, avant toute chose, prenons un peu de recul...
Pour rappel, de notre point de vue, le temps, ce n'est que l'évolution des formes !
- Au moment du temps linéaire, nous avons l'impression que les formes se succèdent les unes aux autres, sans que nous n'ayons de réel pouvoir sur leurs transformations, sauf à considérer notre vie privée seule.
- Au moment du temps cyclique, nous comprenons enfin que les formes du monde ont un sens, qu'elles rebouclent sur elle-même, et donc que nous pouvons en tirer parti en fonction des différentes phases. Et nous commençons à tordre le monde dans ses changements.
Et le temps vertical ? Lui, il implique des changements de forme abrupts ! On ne laisse plus l'évolution se faire d'elle-même, mais on commande à cette dernière : les « transformations » sont provoquées ! C'est ainsi que le temps vertical est comme un ascenseur qui parcourt différentes « stations », mot qui traduit autant un changement d'étage, de position, que d'état.
Ces stations... c'est une chose que l'on connaît ?
Oui. Communément, on appelle cela les ascenseurs sociaux, rattachés eux-mêmes à des « niveaux de vie » : si nous vivons dans le même monde, en revanche nous ne vivons pas tous dans la même réalité. C'est comme s'il existait des dimensions organisées de manière hiérarchique (des mondes par-dessus et par dessous le nôtre).
Exemple : Dans votre bâtiment, vous étiez apprenti au rez-de-chaussée, puis employé au premier, maintenant vous êtes responsable au second, et le troisième étage du directeur risque bien de vois échoir un jour. À chaque étage, vous avez vécu une situation différente, car bien qu'appartenant au même univers, la réalité de l'apprenti et du responsable n’est pas la même. L'une et l'autre des situations supposent des circonstances de vie et des responsabilités différentes.
L'idée est tout à fait exacte, mais elle est trop connotée pour ne pas être impropre, si le temps vertical n'était qu'économique, nous aurions un problème...
La vérité, c'est que pour améliorer sa condition, chacun se trouve son ascenseur. Certains prétendront se bonifier par la spiritualité, d'autre par le sport, d'autres encore par l'art, ou par le succès financier, etc.
Tout cela pose la question de la valeur...
Course à la réussite ?
Non ! Il faut bien comprendre que le temps vertical existe dans la nature, sans intervention humaine. En effet, c'est ce que l'on appelle l'évolution, au sens de la bonification des formes. Ladite évolution est considérée sous l'angle de la mutation, en effet lorsque nous mutons, nous changeons des composantes non essentielles de notre condition, si bien que nous sommes différents, quoique nous appartenions toujours à la même nature. Seulement voilà, l'évolution est (supposément) lente, et les mutations se font habituellement toutes seules, au travers de longues périodes. Du moins à ce que l'on en sait.
Exemple : Apparemment, il fut un temps où les poules avaient des dents, ce n'est plus le cas maintenant. Pourtant, les poules sont toujours des poules. De la même manière, les hommes étaient plus poilus à l'époque, mais toujours des hommes.
Évidemment, le temps vertical au sens où on l'entend est plus violent, car il implique qu'à certains moments clés, ou certains endroits, l'évolution puisse être, en quelque sorte, « saisie » ! Que les mutations puissent être provoquées par certains choix. C'est ce que l'on appelle dans certains milieux la transmutation.
La transmutation suppose l'amélioration d'une forme qui reste essentiellement de même nature. Une forme inscrite dans une évolution verticale.
Exemple : Les alchimistes considèrent que le plomb, comme les autres métaux, est de l'or imparfait. Ainsi, le plomb peut « évoluer » jusqu'à redevenir de l'or.
Mais nous, nous allons simplement considérer qu'il existe des actes qui ont le potentiel de modifier complètement présent et avenir (et parfois le passé). De faire repousser les limites autorisées et faire basculer dans des réalités supérieures et inférieures.
Exemple : Dans le monde moderne, il est possible de transformer sa réalité de bien des façons.
Si vous êtes une employée, alors vous envisagez votre avenir d'une façon simple. Vous vous voyez obtenir une petite retraite et couler des jours paisibles. Mais vous venez de gagner au loto, et d'un coup d'un seul, l'avenir que vous envisagiez est reconsidéré. Vous allez arrêter de travailler, voyager, vous engager dans des associations...
De la même manière, certains statuts modifient aussi votre avenir, être employée de bureau dans un musée ne vous donnera peut-être pas les mêmes perspectives qu'être archéologue, surtout si l'on considère que c'est votre rêve que d'aller parcourir le monde en quête d'histoire.
Remarque : Attention, je n'ai pas dit que ces transformations étaient forcément bonnes...
Qu'est ce qui nous fait voir le temps vertical ?
L'implication dans une voie verticale n'est pas une simple transformation de la vie individuelle ou de l'environnement. Non, c'est un dépassement des limites ! Ce n'est pas le genre d'engagement qui peut se faire à moitié. Dès lors, c'est l'individu tout entier qui doit s'engager, et il ne peut le faire qu'en mobilisant sa volonté entière. C'est donc le mental qui nous ouvre les portes.
Mais il y a plus. Pour le comprendre, faisons un petit détour...
Si nous pouvons améliorer certains aspects de la matière ou de notre condition, il nous semble que certaines formes d'évolution nous sont interdites, ou alors impossibles à provoquer. C'est ce que l'on appelle le déterminisme, et d'une certaine façon, le destin.
Exemple : Si vous êtes petit, vous ne serez jamais un joueur de haut niveau au basket. Du moins c'est ce que pensent les autres au regard de votre condition. Dans un sens plus général, on peut penser que naître dans un milieu pauvre limite les possibilités. Tristes regards...
Tout l'enjeu du temps vertical est donc de comprendre ce qui détermine notre condition, et jusqu'à quel point. Dans quel creux du monde vos possibilités les plus individuelles pourront s'épanouir et manifester votre distinction ? Ou les limites sont-elles ouvertes ? Vous l'aurez compris, c'est encore le mental (au sens le plus individuel du terme) qui détermine et juge de ces limites.
La volonté seule suffit à créer le temps vertical ?
Non. La pensée seule ne suffit pas. Vous l'aurez compris, un vrai temps vertical nécessite que la conscience soit apposée sur la pensée. Et c'est ainsi que naît... la concentration !
Troisième forme de la conscience...
Si l'attention désignait une forme de présence mobile, l'empathie un élargissement/expansion, la concentration quant à elle consiste en … une profondeur !
Ainsi élevée jusqu'à la pensée, la conscience permet de déployer la volonté dans une direction totale, unique, complètement maximisée (avec une lucidité et un jugement sans faille). On pourrait même parler de pénétration même, car avec la concentration, la conscience zoome, elle s'approche. Elle tend vers le centre, vers l'essentiel (c'est dans le mot hein). Et c'est bien en avançant avec persistance que l'on finit par changer de dimension : la matière et la situation révèlent d'autant plus de secrets et de situations cachés à mesure que l'on s'avance et que l'on change d'échelle, de perspective.
Exemple : Pour les autres, ces tomates ne sont que de simples légumes (en fait des fruits ! Je sais !), mais à observer ces plants et ce jardinier de plus près - concentration - vous voyez bien qu'il y a quelque chose de révolutionnaire dans sa façon de faire. Renseignements pris, vous vous êtes plongé dans l'agronomie - concentration - pour mieux comprendre ces nouvelles méthodes, et sur la base de simples plants de tomates, c'est tout une réalité pleine de potentielle qui s'ouvre à vous, de découverte en découverte. Le développement de cette forme d'agriculture en milieux adaptés pourrait bien améliorer la qualité des productions !
Pour l'un, de vulgaires tomates. Pour l'autre, tout un univers à approfondir !
Lorsque le mouvement de la concentration ne s'interrompt pas, qu'il continue de s'approfondir au fur et à mesure du temps, cela marque d'une part notre capacité à dépasser les limites, et d'autre part la présence d'une énergie de plus en plus concentrée, vivace, qui ne manque pas de changer de forme au fur et à mesure que l'on remonte à sa source. Un univers qui se révèle progressivement, signe de la profondeur, et donc de la grande valeur de la voie considérée.
Remarque : Et oui, c'est comme cela que l'on juge les différents ascenseurs.
D'une certaine façon, la concentration est pour le sujet, l'observation d'un objet... qui le dépasse allégrement ! C'est d'ailleurs pour cela que l'individu mobilise le gros de son individualité – le mental – pour s'immerger tant il est dépassé.
Mais attention, ce n'est pas toujours le cas !
Muraille et abysses.
La concentration, lorsqu'elle est arrêtée à un objet pauvre, est une simple fixation, c'est-à-dire le bout de la concentration, la limite que vous ne dépasserez pas. Parce qu'il n'y a plus rien à approfondir. Et les choses deviennent bien mornes.
Exemple : Lorsque vous vous focalisez sur votre métier - disons un truc tertiaire (caricature) - les perspectives ne sont pas réjouissantes. C'est qu'il n'y a pas grand-chose à développer au-delà de vos tâches immédiates, sinon de la vigilance. Les opportunités ? Elles sont peu valorisantes.
Non franchement, c'est plutôt déprimant de fixer un mur, tant au sens littéral que figuré.
Remarque : Notez que la concentration n'est pas l'immobilité ! On peut bouger en étant concentré...
Mais pire encore, il est possible de se concentrer sur des horreurs, qui n'en finissent plus d'évoluer devant nos yeux éberlués. Tomber de plus en plus bas comme on dit.
Exemple : En tant qu'inspecteur de la police, vous êtes obligé de passer au peigne fin les milieux les plus sordides. Malheureusement pour vous, ceux-ci recèlent une très grande complexité qui, au fur et à mesure du temps, vous fait perdre de plus en plus foi en l'humanité.
Ce que nous cherchons ?
Une nature raffinée, difficile à observer. La concentration permet une telle prouesse, mais elle demande beaucoup d'effort de votre part. Investir le temps vertical n'est pas une chose anodine.
Puisque vous commencez à être rompu à l'exercice, vous vous doutez que nous allons devoir passer le monde en revue pour y démêler le vrai du faux.
Comme à notre habitude, balayons les 4 catégories de l'être dans le but d'effectuer quelques remises en question. À noter qu'ici l'accent est mis sur la catégorie des pulsions générales, au regard de pulsions dites « raffinées ».
Une remise en question de l'individualité dans ce qu'elle a de plus obscur : ce sont les aspects les plus secrets et/ou ancrés de votre personnalité que vous allez interroger ici. Les habitudes ?
Une remise en question de la spécificité dans ce qu'elle a de plus inaccessible : Ici, le lien aux autres et à l'environnement sera interrogé d'un point de vue structurel. Les modèles d'association, sont-ils les bons ? On se posera même des questions sur la génétique: d’où venez-vous, qui êtes-vous, vos origines ont-elles un sens ? Et les gens qui partagent vos origines, sont-ils vraiment vos semblables ?
Une remise en question de la généralité dans ce qu'elle a de plus construit, cultivé : C'est principalement sur cet aspect que vous allez vous pencher. Ici, il sera approprié d'interroger le sol et le ciel.
L'histoire, est-elle vraie ? Les lois de la physique, s’arrêtent-elles bien où on le suppose ? C'est vrai, comment se donner entièrement à une cause si le don est limité par la réalité elle-même. Il serait bizarre que la nature nous fasse désirer plus que ce qu'elle autorise non ? Auquel cas, peut-être que les possibilités du vrai monde sont bien plus grandes que nous le croyons !
Requestionnez vos repères officiels et vos limites, jusqu'à connaître le sol et le ciel comme s'ils étaient une partie de vous. Et le ciel ne serait peut-être plus seulement bleu.
Une restauration de l'universalité dans ce qu'elle a de plus secret : Ici les formes considérées peuvent être très développées, et tout aussi noires (et riches par la même occasion). Si elles sont mauvaises, alors prenez garde, car elles cherchent à nuire à votre humanité, et au genre humain tout court. Même dans le cas où elles ne sont pas expressément vicieuses, elles n'en bloquent pas moins l'évolution humaine.
Ces formes, ce sont des archétypes. Les systèmes complexes qui dominent le genre humain.
Exemple : Il vous est impossible de dépasser le mythe de Prométhée. Comme tous vos prédécesseurs, vous faites les mêmes erreurs : apporter trop vite un savoir pour le peuple, et vous faire briser par le pouvoir en place. C'est comme si quelque chose vous poussait vers le tragique...
C'est exactement là que se présente la grande créature à abattre. L'ange orgueilleux. Mais nous le verrons dans la prochaine note.
L'espace privilégié...
C'est le monde inaccessible, et pourtant omniprésent. L'espace public.
L'espace public est un champ d'action au sein duquel nous pouvons nous accomplir au regard du corps généralisé qu'est la société, ou si vous n’êtes pas très friand de tout ce qui est officiel, au regard du genre humain, de la condition humaine.
Remarque : On accomplit sa nature humaine en servant le genre humain. Logique.
Il va sans dire que cela se fera plus facilement au sein d'un monde professionnel, ou à défaut, au travers d'une activité sérieuse (ce n'est pas le contrat qui fait le métier, c'est l'action, l'activité).
Pourquoi (bis) ?
Parce que c'est de cette façon que nous nous identifions au corps général, en devenant une fonction, un rouage de la société, ou une cellule de l'espèce humaine.
Et puis, exercer sa concentration de manière légitime sur un sujet donné avec persistance... C'est une chose que le cercle professionnel, à défaut de permettre, suppose. Après, on peut aussi parler de changement de mode de vie : pas nécessairement professionnel, mais équivalent – si ce n'est plus – en terme d'importance.
Remarque : Société est le terme le plus facile à comprendre, mais « institution » est tout aussi parlant, et pas forcément administratif.
Faut-il combattre pour trouver sa place ?
Oui et non. Du point de vue de la disponibilité, le métier en tant que tel ne sera jamais vraiment envahi par les dimensions individuelles, relationnelles ou spirituelles, sauf exception. Si ce beau monde existe toujours dans l'espace public, il est tout sauf dominant, c'est que, voyez-vous, la modernité priorise le travail avant toute chose.
Non, ici la grande question est de savoir si votre espace de travail vous laisse libre quant à vos sujets de concentration ? La concentration peut-elle vraiment s'épanouir au sein de la fonction que vous exercez ?
Peut-être devrez-vous changer de métier pour user librement de votre concentration.
Et c'est là que les choses se corsent, car qualitativement... la portée des influences extérieures est beaucoup plus grande ! Les autres dimensions de l'existence ne manqueront pas de tenter de vous influencer quant à vos choix de carrière. Le personnel, le relationnel, le spirituel, chacun aura son mot à dire.
Mais pas de panique, à ce stade, vous êtes largement assez fort pour effectuer un changement de métier si nécessaire, ou couper les ponts avec des influences trop néfastes. N'oubliez pas tous les progrès accomplis avec l'aspiration, la foi, n'oubliez pas que vous avez déjà créé des engagements sérieux avec vos réels amours.
Remarque : Si votre fonction n'est pas reconnue, la question de la disponibilité pourrait devenir un problème. En effet, ce qui fait la fonction, ce n'est pas le contrat, mais l'action. Sauf que sans contrat de travail, il est parfois difficile de faire comprendre aux autres que notre temps est précieux. Dans ce cas, vous devrez batailler très fort pour imposer des limites. Compliqué, mais pas impossible !
Que dit la concentration, à travers la volonté ?
En certains endroits, la conscience est en incapacité de se concentrer, ce qui, pour faire, court, dénote un désintérêt total, et une absence de volonté.
En d'autres lieux, la conscience peut être arrêtée dans son déploiement, et en ce sens, c'est qu'il n'y a plus rien à voir, sinon fixer un objet. La voie est donc bouchée.
Et parfois, la concentration est absorbée dans des trous noirs de terreur.
Cependant, il est des endroits où, par le biais de la concentration, la volonté peut être déployée dans sa totalité ! Sans aucune restriction ! Pourquoi ?
Parce que la volonté orientée par la conscience est complètement absorbée par son objet (sujet?) ! Une absorption si grande qu'elle altère le premier sujet, le moi... Et c'est la transe.
Qu'est-ce que la transe ?
Le troisième Graal à l'état brut. La troisième manifestation de votre âme véritable.
Un début d'inversion du temps vertical.
On parle de transe lorsque le naturel, la spontanéité est exprimée au travers du corps physique, et il en ressort que le comportement individuel est bonifié. On peut aussi considérer la transe comme l'instinct en geyser, totalement libéré donc.
Remarque : Mais attention, vous n'êtes pas le seul à changer... jetez toujours un œil au monde qui vous entoure (on y reviendra).
Tous les réflexes ne sont pas bons, beaucoup sont conditionnés (et justement, changent notre condition artificiellement...), fabriqués par la répétition. Heureusement, il en existe des naturels, qui eux, relèvent d'un contexte et de stimulus adaptés... C'est ce que l'on appelle l'instinct.
Exemple : À leur réveil, les bébés tortues se ruent immédiatement sur la plage. D'une manière analogue, lorsque vous êtes sur un terrain de basket-ball vous faites spontanément des mouvements qui dépassent votre cognition. Votre corps dépasse allègrement votre tête.
Il n'est pas difficile d'imaginer que, lorsque la volonté est dirigée toute entière vers un univers avec lequel elle fusionne, l'instinct est constamment stimulée, à des niveaux incomparables avec l'ordinaire. Il est probable que dans un tel état, nous accueillons la moindre sensation par une réponse comportementale adaptée.
Retrouver des réflexes naturels, vous imaginez ?
Remarque : La part automatique ne vient pas dominer l'inspiration pensée et ressentie, c'est ainsi que pendant une transe, vous serez dans un état différent, mais bien entier, vous-même.
L'instinct vient changer votre comportement en vous faisant devenir quelque chose de mieux. Une amélioration naturelle, spontanée, et établie par le cosmos. Mais rajoutons qu'avec une telle absorption, nous ne manquerons pas de voir au sein d'une réalité en apparence banale, des éléments cachés qui, une fois observés, risquent de changer notre perception de l'atmosphère. Pour le dire simplement, c'est votre vision de la réalité qui est changée par la transe, comme si le monde aussi se transformait... Nous préciserons l'idée plus tard.
On peut donc voir la transe comme la marque d'une station naturelle, d'une réalité, d'un état, et surtout d'une voie qui nous plaît et à laquelle on s'adapte aisément. Le véritable ascenseur qui élève notre condition, la frontière ouverte. Ainsi altéré, nous ne devenons pas fou ni incohérent. Au contraire, le temps d'un instant nos actions sont inspirées et intelligentes. Nous ne savons pas comment, ni pourquoi, mais nous avons le geste sûr.
Et oui, communément, la transe, on appelle cela le talent. Le vrai.
Troisième régénération de la personnalité.
Jusqu'à présent nous avons réussi à faire pénétrer l'intelligence de la nature dans les différents corps, et c'est ainsi que l'inspiration fut d'abord pensée, puis ressentie. Ce que nous voulons maintenant, c'est qu'elle devienne automatique. Et c'est bien cela que fait la transe, elle induit la pénétration de l'inspiration, du sens, jusque dans les réflexes, selon cette fois-ci non pas un conditionnement, mais une spontanéité.
Faites attention à ce que la déconstruction soit complète.
Disons-le tout simplement, votre ancienne personnalité risque de résister à sa disparition prochaine !
Exemple : Lorsque vous travaillez, le bois, en tant qu’ébéniste amateur, vous vous sentez immergé, absorbé, tout s'efface et se remplit à la fois. Mais... de là à plaquer votre métier.
Et, au-delà de ça, bien des transes ne sont pas bonnes. Souvent, elles se traduiront en changements imparfaits, encore restreints, et de ce point de vue, incohérents (et parfois pervers...).
Remarque : Cela me permet de dire au passage que, non, la transe, ce n'est pas se rouler par terre. Ou du moins si vous le faites, vous êtes censés savoir ce que vous faites.
Ce qui caractérise la bonne transe, c'est l'oubli de soi. L'oubli naturel de sa propre individualité au profit d'un but plus important que soi. On fusionne avec la situation, on en ressort débordé par le talent.
D'ailleurs, cela me permet de dire que aussi que la transe n'est pas une absence ! La transe dont je parle ici n'est pas une dissociation de la personne, mais une association surprenante de la personne avec un objet... qui la dépasse ! Il n'est donc pas question de négliger sa personne, mais, tout au contraire, de l'utiliser pleinement. Comme un outil précieux (dont on prendrait soin).
La transe, c'est l'individualité à l'état de service.
Encore une chose ! Attention, bien des talents peuvent être singés non pas par la transe, mais par l'une de ses formes contraires : le conditionnement. Donc ce n'est pas parce que vous remportez des prix ou que vous rencontrez du succès que vous êtes forcément dans la bonne direction...
Et oui, avant de pouvoir utiliser la transe à bon escient, il va falloir déconstruire la personnalité jusqu'à atteindre des niveaux de profondeur inédits. Vous pourriez bien avoir peur de ce que vous y verriez...
Restauration du temps vertical : le don de soi.
Ainsi déconstruits, nous sommes maintenant prêts pour utiliser la transe comme il se doit. Comment allons-nous nous servir de cette manifestation de la nature pour rebâtir notre personnalité ?
C'est le mécanisme du don de soi qui va nous aider ici.
Comme d'habitude, le don de soi est un choix. Il s'agit de développer des habitudes comportementale sur la base des automatismes de la transe.
La transe est une pulsion assez puissante pour emmener la pensée toute entière, sans résidu dans son sillage. La pensée ainsi soumise dirigera tout son effort à travers le sens suggéré par la nature, elle permettra de développer des ordres clairs pour guider le corps et cadre les émotions. Les émotions ainsi structurées par la pensée enfin complète ne manqueront pas de servir elles aussi, l'émotion dynamisera l'ordre de la pensée en une intention puissante, c'est cette intention (couple pensée+émotion) qui aura assez de force et de dynamisme pour arracher le corps à son inertie et développer des habitudes sur le modèle de la transe instinctive.
Ainsi purifié, le corps physique devient offrande : dévotion réelle, offrande pure de l'individualité, action sincère.
Pour bien vous rassurer, disons que le don de soi n'est pas une mort, mais une naissance. En fait de sacrifice, ce ne sont que vos mauvaises habitudes que vous allez abandonner. Tout ce qu'il y a de bon en vous, vous le garderez. Ce qui est insuffisant sera amélioré. Et le « moi » ainsi diminué... sera en vérité plus fort que jamais, dans le bon sens du terme.
Lorsque nous agissons de cette manière, la matière est bonifiée, la condition (humaine) n'est plus une limite, mais une voie d'épanouissement, et le déterminisme physique devient LIBERTÉ. Inversion du temps vertical.
Évolution de l'espace public.
A quoi sert le don de soi ?
Pour dire cela, revenons à la transe en nous posant une question simple : Le talent autorise-t-il toujours l'action ?
Comme d'habitude, il est des cas (beaucoup) ou nous pourrons agir immédiatement. Surtout dans les cercles inférieurs.
Exemple : Si vous avez la main verte, vous pourrez effectuer bien des actions et des expériences chez les particuliers, qui seront subjugués par votre talent.
Mais il sera difficile pour la transe de s'imposer dans les cercles publiques, en raison de l'absence de légitimité et de reconnaissance.
Exemple : Ce n'est pas parce que vous avez naturellement la main verte que vous avez le droit d'effectuer vos expériences partout (ni que tout le monde vous écoutera). Dans certains cas, il vous faudra des autorisations officielles.
Remarque : Imaginez aussi un footballeur qui souhaiterait jouer immédiatement dans une ligue professionnelle sans passer de sélections.
Ainsi interdite, la transe peut se transformer en transgression. Ce qui dans la majorité des cas est répréhensible.
Remarque : Je ne peux pas brasser toutes les possibilités. Dans certains cas, il est possible qu'une loi dévoyée doive être combattue, transgressée. Certains temps de guerre le prouvent allègrement.
Alors ? Comment faire ?
On fait ce que l'on peut pour commencer. Et pour le reste... nous allons bel et bien forcer l'espace public à nous accepter. Comment ?
Grâce au don de soi !
Ici apparaît la puissance de l'action pure, du rituel. Nous allons être pertinents, solennels. Autrement dit nous allons officialiser notre talent par la profession.
Qu'est-ce que la profession ?
Dans le sens ou je l'entends, une preuve. Mais au sens littéral, et c'est tout aussi juste, c'est une déclaration publique, un acte pur et si solennel qu'il est capable de redéfinir l'identité tout entière.
C'est ce que l'on appelle communément un baptême du feu.
Exemple : Avant la musique n'était qu'une passion, mais depuis, vous avez accepté de jouer sur une grande scène, ce qui a été un vrai baptême du feu pour vous. Avoir accompli un acte de cette ampleur vous définit désormais comme une véritable artiste musicale. Sans aucun doute.
Et qui sait, peut-être que le chemin ne s'arrête pas là, peut-être qu'un jour vous serez une Rockstar ?
Et c'est ainsi que nous pouvons adopter, spontanément, une posture durable qui nous échoit légitimement.
Un statut. Relatif à notre niveau (station) sur la voie considérée. Transmutation profane.
Remarque : Selon les cas de figure, votre statut ne sera pas nécessairement un métier. Mais vous aurez tellement prouvé votre valeur aux yeux du monde que vous obtiendrez toute la latitude dont vous avez besoin.
Et les choses ne s'arrêtent pas là.
Nous parlions de changer de dimension, de réalité S'il est aisé d'imaginer qu'avec le temps notre profession nous permettra de faire changer les choses à travers une œuvre, en vérité un véritable don de soi ne peut que conduire à des sortes de changements de réalité immédiats. Irrationnels.
Rappelez-vous la théorie du chaos : cette idée qui veut que des éléments essentiels soient pris pour des détails ou négligés (exemple : un homme préhistorique qui néglige la présence de la pluie pour faire du feu). On pourrait imaginer que la transe pleinement déployée nous permette, instinctivement, de toucher, modifier des paramètres essentiels de la situation considérée, paramètres habituellement invisibles à nos yeux, ce qui ne manquerait pas de conduire à son lot de conséquences irrationnelles, et de transformations. Ainsi, le lieu, la dynamique, peuvent vraiment changer immédiatement. En tout cas ne soyez pas étonnés.
Remarque : Dieu seul sait de quels emballements collectifs et autres secrets est capable l'instinct déchaîné.
La profession (de foi?). Parfaitement concrète. Le corps qui devient rêve. le domaine public devient un espace solennel, consacré. Par le travail noble, la vocation, nous améliorons la société humaine.
C'est pas mal non ?
Modification du troisième espace-temps :
Temps vertical : inversion du déterminisme, naissance de la liberté
Espace public : naissance de la consécration solennelle
Un vrai don de soi se vit comme une ascension jusqu'au zénith. Un rayonnement solaire. Et on en vient à se dire : « En fait, toi et moi, on ne fait qu'un ?... »
Temps : proche de l'essence Espace : proche de la liberté
Ici, j'ai placé des rayons en pointillé pour signifier les axes verticaux. Chaque étage de l'axe (donc chaque cercle) représente un destin revisité.
D'ailleurs, la sensation de cycle n'est plus prévalente à cet endroit, malgré la rotondité du troisième cercle. Pourquoi ? Parce qu'il est petit, et qu'à ce stade, il semble fixe : les énergies n'alternent pas, elles se présentent presque toutes en même temps au regard de la conscience.
La vie devient bonne. On fait presque tout ce que l'on veut, et l'on devient presque celui que l'on veut être. Mais dans les deux cas, il manque un truc. Un tout petit truc. Comme un murmure...
Évolution du sujet.
Nous avons fusionné avec des mondes invisibles, inaccessibles. Nous nous sommes fait déborder par le talent, l'instinct. C'est ainsi que nous comprenons qu'il existe en nous, quelque chose de beaucoup plus grand que nous-mêmes, plus grand que le monde lui-même. Ainsi transformés par ces réalités cachées, nous pouvons nous y identifier. Et le sujet peut alterner entre le « moi », le « nous »... et le « soi ».
En raison de la clarification des rapports qu'entretien l'individualité avec la société, le destin, nous introduisons donc nos causes les plus nobles et un peu de nos fonctions dans notre discours.
Attention, le « soi » dont je parle n'est pas le même que celui des doctrines métaphysiques traditionnelles. Il est tout simplement le début de l'apparition de quelque chose de différent de l'individualité, le début d'un dépassement. Le « moi » ne suffit vraiment plus à ce stade.
Bonus non facultatif
Une fois n'est pas coutume, nous n'allons pas nous arrêter maintenant.
Inverser la pensée, inverser les émotions... D'accord. Mais inverser la matière physique ? Si l'on considère que tout notre environnement spatial a été rebâti, alors oui, la vie concrète et la matière ont bien été améliorées, arrangées, et le temps avançant, les actions inspirées ne manqueront pas de bonifier la matière.
Seulement voilà... et le devenir du corps physique en lui même ? Je veux parler de la vieillesse, voir la mort.
Jusqu'à présent, je suis resté plutôt réaliste dans mes formulations et mes exemples (toute proportion gardée...). C'est que seule la compréhension m’intéressait. Toutefois, le processus considéré ici n'est pas un processus normal. C'est la voie initiatique, la voie royale de transformation mise à disposition de l'humanité, issue de multiples révélations et sous-jacente à la structure même de la réalité. Au moins en théorie.
Donc ça implique que je vous dise quelques trucs bizarroïdes par moment.
Il existe une loi scientifique qui dit – si je ne me trompe pas – qu'il est impossible pour un système de générer plus d’énergie qu'il n'en consomme. Pour le coup, c'est quelque chose qui se vérifie assez facilement, et partout. Mais il est des endroits où cette loi pourrait ne pas s'appliquer, typiquement au sein de dimensions que l'on ne peut mesurer. Pensez-vous que l'on puisse mesurer l'intensité d'une pulsion ? Non. Du moins pas encore.
Il est déjà remarquable que les pulsions jaillissent spontanément, de nulle part. Mais il y a plus : lorsqu'elles surgissent, celles-ci nous mettent dans des états très agréables, dynamisants. Nous sommes donc gorgés d'une énergie non mesurable et pourtant bien réelle - impossible à ignorer - lorsque quelque chose s'anime en nous.
Vous les avez déjà vécus ces moments, où l'on croirait qu'agir ne nous coûte pas d’énergie, mais que cela nous en donne !
Exemple : Quand il s'agit d'aller au travail, vous traînez des pieds. Mais ce voyage pour aller voir les pyramides d’Égypte avec vos amis, vous en êtes tout excité ! Il faut dire que c'est un rêve de gosse.
Que sait-on de cet état ? Que sait-on de ce processus ? Pas grand-chose. On ne sait même pas le délimiter.
Puisque c'est l'inconnu pour tous, nous allons faire la seule chose qui est permise en la matière, à savoir... de la spéculation. Alors voilà : vous le voyez, cet état dynamisé, celui où vous avez de l'énergie qui vous est fournie presque « gratuitement ».
Que se passerait-il, si vous étiez dans cet état... continuellement ?
Que du lever au coucher, vous soyez (allez, admettons de légères variantes) constamment dynamisé(e) par vos pulsions. Ne pensez-vous pas que cela aurait un impact sur votre condition physique ? Toujours joyeux de vous lever, constamment enjoué(e), motivé(e) par ce que vous faites.
Je vous laisse à vos propres spéculations. Mais sachez que pour les anciens, la fontaine de jouvence n'était pas qu'un mythe.
Entre autres merveilles. (Bon après... bon courage hein...)
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