Après les contours magiques, pulsionnels, et élémentaires de la logique de l'âme, parlons un peu de l'analogie et du symbolisme.
Et pour introduire notre propos, faisons un petit détour.
Qu'est ce qui fait la richesse ou la pauvreté d'une forme ?
Le but de la forme est d'exprimer la nature, donc dit autrement, d'exprimer du sens.
On peut en conclure que plus une forme possède du sens, plus elle a des chose à dire et plus la forme est riche.
D'ailleurs, dans cette perspective, au regard de la forme, qu'est ce que le sens ?
L'information.
Une forme riche est une forme qui possède beaucoup d'informations, ou plutôt une information de qualité. Logique non ? Voilà tout.
Remarque : Forme, information. L'un est à l'intérieur de l'autre ! C'est du rappel.
Mais cette information doit être transmise. Si la forme doit communiquer ses informations, alors il faut qu'elle soit parlante. C'est ainsi que toute forme doit être, d'une façon ou d'une autre, un langage, c'est à dire un moyen de transmettre des informations, quelque puisse être ce moyen d'ailleurs (et il en existe pléthore !). Une image peut donc être une forme au même titre que la parole, car bien que l'image ne soit pas faite de mot ni qu'elle ne possède de bouche, elle peut transmettre des idées, parler à sa façon, à travers son propre langage.
Toute forme possède une information, et toute forme est un langage spécifique.
Le plus d'informations, avec le meilleur langage, voilà ce qui fait la qualité de la forme.
Exemple : Une image qui s'apparente à une simple représentation picturale n'est qu'un simple contour, c'est à dire une forme extérieure et superficielle (souvent, la représentation d'une forme seulement physique), et logiquement, une forme un peu pauvre qui n'a rien à dire ni transmettre.
En revanche, lorsque l'image suscite des évocations, qu'elle a quelque chose à dire, qu'il y a en elle des choses à comprendre, à décrypter, elle est un symbole : une image qui possède du sens, une image riche donc. Et de surcroît une forme riche, évidemment (à coup sûr subtile, pulsionnelle).
Le langage. C'est peut-être cela, le fameux verbe non ? Qui sait...
Le langage commun à toutes les formes.
Si chaque forme possède son langage spécifique, en vérité, il apparait vite à l’œil averti ou l'oreille attentive qu'un substrat commun existe dans toutes ces façon de communiquer. Ce substrat, c'est en fait le principe même du langage.
Cela s'appelle l'analogie.
L'analogie, c'est un principe de correspondance, de parenté.
Remarque : Rappelez-vous, nous avons déjà parlé de l'analogie dans la section des rêves.
En vérité lorsque je vous dis cela, je biaise mon propos : personne ne connaît vraiment la nature de ce système de ressemblance. Correspondance, représentation, traduction, assimilation, renvoi...
Bref. Ce qui importe, c'est que l'on se mette d'accord. Alors pour ce qui nous intéresse, on peut considérer les éléments dits analogiques entre eux comme :
- des éléments que l'on peut mettre en rapport selon une réelle parenté spécifique, plus ou moins significative
- des éléments soumis aux même lois selon le rapport considéré
Honnêtement, je ne suis sûr de rien. Mais c'est bien suffisant pour ramener cela à notre sujet.
En tout cas, tout langage est une analogie. Si je veux communiquer par rapport à une réalité donnée, je choisi un signe qui ressemble, qui représente ou qui correspond à la réalité dont je veux rendre compte. C'est donc par un jeu de ressemblance et de parenté que je communique.
Un mot, une image, un son peuvent, par correspondance, retranscrire autre chose.
Notre propre personnalité est une correspondance directe avec notre potentiel. Une analogie de la réalité intérieure qui nous habite.
Ainsi, s'accoutumer à ce principe de correspondance permet d'une certaine façon d'appréhender tout type de langage. Et donc de préparer son intelligence.
Langage magique = intelligence magique.
Rappelez-vous. Dans la note précédente nous avions dit que l'art de trouver la véritable cause d'une situation relevait d'une logique magique. Analogique en fait.
En effet, l'idée de ressemblance et de parenté contenue dans le principe de l'analogie induit logiquement l'idée de causalité commune. Si vous et moi sommes de la même fratrie, alors c'est que nous avons au moins le même père ou la même mère, et donc la même origine. De la même manière, lorsque deux éléments se ressemblent sans être identiques, c'est probablement que la cause, l'origine de ces éléments est au fond la même. Au moins à un certain niveau.
Sachant cela, il est plus aisé de remonter à la source, la cause première du problème considéré. Et d'agir sur cette cause.
Vous aurez compris que la magie suppose une parenté très forte entre les éléments concernés !
Langage de l'inconnu, symbolisme.
Parfois, le symbolisme est considéré comme l’analogie en tant que tel (et je crois même avoir fait moi même ce raccourci dans les notes !). En vérité, on pourrait dire du symbolisme qu'il touche particulièrement aux images, et surtout... aux ténèbres.
Je m'explique.
Supposons que je connaisse une vérité incroyable, une vérité si grande qu'elle soit trop difficile à expliquer avec des mots en l'état actuel des choses (ou une vérité interdite). Supposons que je souhaite pourtant vous communiquer cette vérité.
Comment vais-je m'y prendre ? Comment je pourrais faire ?
En usant d'un symbole. Si le mot adéquat n'existe pas, ou que je n'ai pas le droit de le dire, alors je vais vous montrer quelque chose qui ressemble à la réalité que j'ai comprise. Un symbole ressemblant, de la même famille, mais avec quelque chose de moindre pour qu'il soit accessible. Ce faisant il me permettra de vous communiquer ce que je ne peux pas vous dire. Et cela se fait souvent au travers d'une image.
Dans les faits, les réalités interdites sont si complexes que cela nécessite souvent un mélange de symboles pour pouvoir évoquer la réalité concernée. A savoir que le silence aussi est utilisé avec pertinence : j'entends par silence le non-dit, car le vide bien calculé suggère une présence. Donc si je calcule bien ce que je ne dis pas, je peux établir une suggestion.
Honnêtement, le symbole, c'est un genre d’énigme de l'âme. Pour ne pas dire un super rébus.
Mot et image, symbole et parole.
On remarquera que le mot est ce qui valide définitivement – officiellement ? - la connaissance d'une réalité. Très logiquement, il n'y a pas de mots pour parler véritablement de ce que l'on ne connaît pas. En revanche, on peut bien voir quelque chose que l'on ne comprend pas, et même le représenter. Et c'est ainsi que l'image est un mot pour parler de l'inconnu. D'ailleurs, c'est le vecteur prioritaire lorsqu'il s'agit d'explorer des réalités obscures, cachées, ou même aux allures aberrantes.
Si le mot est l'image la plus parlante qui soit, l'image est le mot qui n'existe pas encore.
Remarque : En vérité les symboles ne sont pas que des images. Loin s'en faut (les musiques...). Mais c'est fréquent.
Usage ?
S'il est plutôt rare que des humains s'adressent à d'autres humains de cette manière, bon nombre de sociétés prétendant détenir des secrets ont usé de cette méthode pour communiquer leurs vérités interdites. C'est ce que l'on dit des bâtisseurs d’églises entre autres. Cependant l'entité la plus prolixe en la matière est bien la nature, spécifiquement lorsqu'elle est réduite au silence ou muette. Elle ne manque pas de communiquer au travers d'évènements symboliques dont le sens mérité d'être décrypté, de rêves usant principalement d'images, etc.
Le symbolisme est le langage favori des règnes (de la nature) qui n'ont pas de bouche.
Ténèbres, ou plutôt lumière noire.
Langage des images simples, langage structurel.
Pourquoi diable parler d'image alors que nous venons de traiter les symboles ? Parce que les symboles sont des images particulières, riches (et parfois ce ne sont pas des images!). Les images en tant que tel, même lorsqu'elles ne possèdent rien de spécial, restent malgré tout un langage à part entière. Un langage qui s'imprime en nous à nos dépens.
Exemple : Vous voyez un panneau qui vous indique que la route est interdite au piéton car réservée aux cyclistes. Sans aucune pensée formulée, vous vous déportez vers le trottoir. Il vous a suffit d'un symbole pour que vous agissiez, sans même user de vos pleines capacités d'entendement.
Mais, dans une journée, vous obéissez à combien d'ordres comme celui-là ?
Remarque : Vous comprenez que le problème n'est pas d’obéir, mais d'obéir sans même s'en rendre compte.
Et lorsque les formes sont physiques, qu'elles se déroulent dans un grand espace, elles sont des structures qui sont là aussi tout sauf neutres. On pourrait même dire que les structures suscitent le conditionnement le plus efficace qui existe, en bien ou en mal.
Exemple : Vous vous approchez d'un bar. Sans vous poser aucune question, vous vous asseyez à une table. Mais pourquoi faites-vous cela ? Techniquement vous pourriez rester debout non ? je veux dire, quand on y pense, tout est possible. Vous pourriez même faire le poirier tiens. Mais vous ne le faites pas, même si vous en avez envie. Pourquoi ? Parce que la structure de la terrasse induit un type de comportement. La chaise invite à s'asseoir. Et plus qu'une invitation, c'est un ordre.
Alors, évidemment, la convention sociale entre en compte, mais dans d'autres cas, bien des comportements exempts de tradition sont suggérés par la structure de l'espace.
Bon, il y aurait beaucoup plus à dire évidemment. Ce qu'il faut retenir, c'est que vient un temps ou les structures qui nous paraissent invisibles – en vérité seulement ignorées – sont observées, requestionnées.
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