Si le monde spirituel est caractérisé par l'unité, toutes les manifestations de cette unité ne s'expriment pas à un même degré. Ainsi, certains visages de l'unité sont plus absolus que d'autres (comprenez, pour faire court, « plus grands »).
En clair, nous introduisons ici l'idée d'une hiérarchie au sein même de l'esprit. Plusieurs couches dans l'esprit. Comme chez nous !
Symboliquement, il est envisagé que les ordres spirituels sont au nombre de trois. Pourquoi ? Parce qu'ils reflètent les trois règnes de la création. Minéral, végétal, animal. On remarquera que de ce point de vue l'homme n'est pas compris dans la création : c'est normal, puisque sa capacité à s'interroger sur le sacré/surnaturel le fait se tenir au milieu des deux mondes : mi-créature, mi-créateur.
Remarque : Imaginer trois ordres spirituels peut donner à penser que chacun soit « l'essence » privilégiée d'un règne de la création. Séduisant.
On peut dire aussi que ces ordres reflètent nos dimensions physiques, émotionnelles et mentales. La conscience étant là encore placée au milieu. On retombe sur nos pattes.
Découpage juste ?
… Il n'est pas impossible d'imaginer que les divisions puissent être plus nombreuses à l'égard de l'esprit.
Ce n'est pas que les classifications sont arbitraires, mais selon le regard que l'on porte elles peuvent se traduire de bien des façons. Ainsi le règne animal peut être considéré comme unique, et d'un autre point de vue, regorger d'une myriade d'espèces et sous-espèces.
Puisque nous ne savons rien du monde spirituel, nous dirons qu'il n'est pas impossible que les choses se passent de la même manière là bas, avec un grand nombre d'entités différentes.
L'ordre spirituel.
Venons au fait. Considérons que chaque palier dénote d'un degré d'universalité ou d'un degré d'esprit. Ainsi nous avons :
- Les anges. Des universels qui s'appliquent, logiquement, à toute la création.
Exemple : La pureté est une valeur universelle qui existe dans tous les mouvements de la vie. Parfois elle est dominante dans le mouvement, parfois
elle est négligeable, mais dans tous les cas, elle est toujours là.
- Les séraphins. Des universels qui s'appliquent logiquement, à toute la création, ET qui s'appliquent aux universels singuliers. Des qualités qui créent d'autres qualités. Super qualités.
Exemple : L'amour est présent dans tous les mouvements de la création. De surcroît, l'amour est présent dans tous les universels moindres. Parfois l'amour est dominant dans certains universels, ainsi, on peut imaginer que la générosité est dominée par l'amour (pas sûr en fait), il en est de même pour la tendresse, la douceur. Parfois, l'amour est moins présent en proportion dans certains universels, c'est ce que l'on peut imaginer de la sincérité, qui est probablement une expression privilégiée de la vérité plus que de l'amour.
Remarque : Ces forces suprêmes sont au nombre de sept. La vérité, l'amour, l'harmonie, la connaissance, le silence, la puissance, la perfection. Méditez sur ces forces, et il s'en découlera les garanties métaphysiques les plus sûres qui existent. Des armes capables de tuer tous les démons.
- L'unité. L'universel qui s'applique, logiquement, à toute la création. Qui s'applique à tous les universels. Autant aux super qualités (séraphins), qu'aux universels moindres (les anges).
Exemple : L'unité s'applique également à tous les mouvements qui existent dans la création. De surcroît, l'unité est l'origine de tous les universels, ainsi, la générosité ou la sincérité sont des expressions égales de l'unité. Mais l'unité s'applique pareillement aux 7 forces supra-transcendantales, aussi grandes que puissent être l'amour, la vérité, l'harmonie, ces forces sont des visages particuliers de l'unité.
L'unité s'applique partout. C'est Dieu.
Au-delà de l'esprit...
Il faut que je vous dise, juste pour que vous le sachiez, que pour certains, Dieu ou l'absolu ne se limite pas à l'unité. Qu'une réalité est établie par-delà l'unité. D'autre part, il y aurait de ce fait d'autres universels par-delà l'esprit, dans des réalités totalement étrangères à l'être.
Je m'explique, et attention, ce qui va suivre va vous donner le vertige.
Prenons le mot « infini ». Ce mot caractérise une absence de limite, ainsi ce qui est infini ne peut être limité par rien !
Pour cette raison, certains considèrent que l'unité, bien que parfaitement liée à l'absolu/l'infini, ne représente pas sa totalité. Pourquoi ?
Parce que l'unité est une détermination. Une chose. Certes, la plus petite chose, mais une chose quand même. Étant la première des qualités, elle est une distinction. Or pour parler d'une réalité sans aucune limite, il ne faut aucun frein. Il n'y a rien qui puisse exprimer une telle grandeur. RIEN.
Un rien totalement plein. Pas le néant. Plutôt un vide total qui permet tout. L'infini sans limites, même pas limité par l'unité. Même pas limité par la plus petite des choses donc. Apparemment, ce serait cela, « l'universel des universels ». Ce machin.
Exemple : Voici une analogie. Si votre toile est bleue, elle ne pourra plus être rouge. La toile blanche, voilà ce qui vous laisse libre de toutes possibilités ! Mais quand on y réfléchit, le blanc... c'est tout de même une teinte ! Pour être totalement libre, il faudrait une toile transparente. De la même manière, dire de l'absolu qu'il est un, c'est, de manière très minime, lui donner une teinte. De ce point de vue, l'absolu ne peut être qu'un zéro.
Évidemment, c'est une image. On devrait dire qu'il n'est ni un, ni zéro, ni rien, et même ne pas en parler tant cela nous dépasse.
De ce point de vue, Dieu est plus que l'esprit lui-même, et l'absolu, plus que l'un.
Moralité : Dieu, c'est tellement grand, tellement tout... que parfois c'est un peu n'importe quoi. (Riez un peu de Dieu, il est taquin !)
Qu'est ce que je pense de tout cela ?
Difficile à dire. Mes à priori sur le vide ne vont pas contribuer à me faire apprécier cette doctrine. Et difficile de l'imaginer plein. Mais je me dois de faire mon travail.
Alors résumons les choses !
- Il y a la vie, la nature, l'être. L'univers.
- Puis il y a l'au-delà, le surnaturel, et le sur-être. L'esprit.
- Enfin vient ce qui est au-delà de l'être et du sur-être. Le non-être.
Une réalité qui n'est pas néant et qui pourtant n'est manifestée d'aucune façon, ni n'est rattachée à l'être en aucune façon. Ni univers, ni esprit.
Une perspective vertigineuse. Et peut-être problématique...
Quel est le problème ?
Celui-là. Puisque le non-être n'est pas esprit... il n'est pas non plus une spiritualité. Et c'est la que réside la différence de fait (et non de principe) entre ésotérisme et spiritualité : dans la pratique, la première de ces deux voies à parfois l'air détachée de l'esprit, ou alors elle ne s'en sert – sans le dire – qu'à des fins pratiques. Comme s'il n'était marchepied pour autre chose. Un comportement quasi-faustien.
Remarque : La remarque vaut aussi pour la métaphysique, qui lorsqu'elle vise de tels trous noirs, nous conduit presque à juger de l'incompétence de Dieu. Le melon quoi...
Qui plus est, vous pensez bien que toute doctrine mène à une finalité. Celle du non-être ? L'anéantissement de l'être.
Ben oui, si non seulement vous cherchez quelque chose qui n'existe pas mais en plus quelque chose qui n'est même pas spirituel, alors il va falloir vous départir de tout ce qui existe pour l'atteindre.
Au risque d'embellir la mort.
Tout cela est dangereux, parce factuellement il est des hommes et des femmes qui se sont servis de cette doctrine comme un habile moyen de se débarrasser de l'esprit, de l'unité, et du bien. Et c'est encore d'actualité.
On croirait presque à une sorte de dernier piège lumineux... En tout cas je me dois de vous mettre en garde.
Je vous oriente dans votre façon de penser ?
Non, j'essaye juste de vous montrer les choses sous l'angle que je privilégie actuellement.
De toute façon, il est bon de réviser régulièrement son jugement, alors ce n'est pas une prise de position comme la mienne qui doit arrêter la mobilité de votre esprit critique. Si l'idée vous plaît, étudiez-là ! Épousez-là !
Précisons d'ailleurs que ladite critique n'est pas totale (elle est même ciblée). Je n'exclue pas que, envisagée d'une meilleure façon, cette direction possède une authenticité que je peine à voir, et des vertus significatives.
Au fond, tout ceci n'était qu'une occasion pour moi de dire (en vitesse) que les petits mystères ne sont peut-être pas si petits, et les grands... pas si grands. Comprendra qui pourra.
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