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Logique de l'âme - note n° 11 - Groupes, formes collectives (et possession)

 

Si l'individu est une source de questionnement intarissable pour la personne, je vous laisse imaginer ce qu'il en est pour le groupe ou les institutions... Un petit balayage ne fera donc pas de mal !

 

Pour commencer, une question simple. Qu'est ce qui fait que l'on appartient à un groupe ?

Disons le d'une première façon : le conformisme. Là ou les gens font la même chose, ils sont les même.

Exemple : Si vous et moi travaillons dans la même entreprise, nous sommes collègues. Si nous soutenons le même club de basket-ball et que nous nous retrouvons à dates régulières, nous appartenons à un groupe de supporters.

 

En vérité, le problème est souvent pris à l'envers : on peut aussi définir un groupe à partir des interdictions communes. Si ce que je m'interdis de faire est aussi ce que vous vous interdisez de faire, alors nous vivons à un certain niveau dans un même champ des possibles.

Exemple : Il est des endroits ou les membres d'un clan ou pratiquants d'une religion respectent certains interdits alimentaires.

 

C'est la raison d'être des totems. Au moins en partie : ils représentent les interdits communs, et les privilèges.

Cela dit, ce que le totem représente vraiment, c'est la forme collective (ou générale selon les cas).

La forme collective, c'est l'idée que quelque chose va naître du groupe, une âme commune. Un mouvement commun, avec une logique commune. Communément, on appelle cela un égrégore (bien que le terme veuille dire autre chose à la base). Mais on pourrait tout aussi bien parler... d'une âme uniforme. Oui, comme un uniforme vestimentaire.

Remarque : Il est fort à parier que beaucoup de totems représentent aussi des principes expressément spirituels, supérieurs donc, et non pas seulement collectifs. En vérité ils sont souvent un amalgame de différentes composantes.

 

Plus concrètement, qu'est ce que l'âme uniforme d'un groupe ?

Et bien nous parlons d'une âme qui n'est pas individuelle, et qui provoquera des actions irrationnelles en fonction de son état, son influence.

Plus les individus sont impliqués dans un groupe, et plus l'uniforme collectif sera alimenté, et puissant. Chaque individu inclus dans le groupe sera protégé par l'uniforme collectif, mais cela ne sera pas sans contrepartie : la vie de groupe a une influence notable sur la vie individuelle. Logique.

 

Toute forme d'adhésion supra-individuelle mérite d'être questionnée. D'abord quantitativement. Il doit exister un équilibre entre la vie individuelle, l'adhésion à un groupe et l'appartenance à un corps général. Comme vous vous en doutez, l'équilibre est propre à chacun.

Comment reconnaître un déséquilibre ?

Simple. Tout abus conduit forcément à une privation de la liberté individuelle. Et dans les cas les plus extrêmes, la chose saute aux yeux : sectarisme (excès collectif), extrémisme (excès général) etc.

Remarque :... et trop d'individualisme n'est pas bon non plus !

 

Ensuite, il faut aborder la question qualitative. Est-ce que le groupe auquel vous adhérez est le bon ? Sentez-vous votre nature s'épanouir dans cet environnement ? Peut être que le groupe est le bon... mais qu'il doit évoluer jusqu'à une forme plus belle, plus adéquate. Bon, tout cela est déjà vu (voir « la voie initiatique »).

Au fond, il suffit de se dire que le conformisme n'est bon que s'il traduit une réalité ou nous et d'autres sommes vraiment uniformes (de la même forme) par nature.

 

Quelle est la différence entre une forme collective et une forme générale ?

Question difficile, mais pour répondre, on pourrait dire ceci.

- L'âme uniforme collective (disons un groupe) est quantitative, c'est une accumulation d'individus. L'âme uniforme générale (disons une société) est plus qualitative : elle ne se mesure pas uniquement sur des critères objectifs.

- L'uniforme collectif ne nécessite pas forcément de hiérarchie. L'uniforme général relève toujours d'une hiérarchie. Autrement dit l’âme uniforme d'un groupe peut naître de manière informelle (comprenez de manière déstructurée). L’uniforme d'un corps général ne peut exister sans ordre établi.

- L'âme uniforme collective est au service de chacun, elle traduit de l'égalité. L'âme uniforme générale est une autorité : vous lui êtes soumis et vous êtes à son service (et ce n'est pas forcément « mauvais »).

 

A quel moment l’égrégore d'un groupe devient un égrégore général ?

On peut dire que la forme collective devient générale lorsqu'elle se renouvelle dans le temps. Pourquoi ? Parce que c'est comme cela que le rapport de force s'inverse, et que le groupe se met au service de l’âme uniforme, qui devient une autorité. Une chose plus importante que la multitude (pensez aux traditions qui broient des tonnes de vies individuelles...).

Disons les choses encore plus simplement : à partir du moment ou l'on parle de système, ou d'institution dans le vocabulaire commun, que l'on fait référence à quelque chose comme à une sorte d'autorité, alors il y a forme générale. Je crois que je ne me trompe pas trop en disant cela.

Remarque : Attention, une institution n'est pas nécessairement une administration. Le mariage est une institution, et chez certaines population, nul besoin de signer un quelconque papier.

 

Forme collective, d'accord... Mais peut-on parler de conscience collective ?

Honnêtement, je suis bien moins sûr de moi quant à cet aspect du sujet. C'est une question difficile à traiter sans faire de bavure. Mais on peut essayer de singer un début de réponse.

Lorsqu'une forme ou un état est partagé comme un seul homme, cela suppose une sorte de calibrage des consciences : pour que nous ayons tous la même logique, il faut que nous alignions la grandeur de notre intérêt pour la situation considérée. S'il existait des disparités de conscience, cela briserait l'uniforme.

Exemple : Les membres d'une secte se doivent de tous adorer leur gourou et de l'observer avec le même niveau d'acuité. Ce faisant, il leur apparaît à tous comme un « Dieu ». De ce point de vue, ils font tous corps et perçoivent bien la situation de manière uniforme. Cependant s'il arrivait que l'un des membres de la secte développe une conscience plus fine et subtile de la situation, cette personne en viendrait très vite non plus à voir son gourou comme un « Dieu », mais comme un « escroc », ce qui, du point de vue de la forme n'est pas la même chose. Il est fort à parier qu'une telle personne ne mettrait pas longtemps à se faire exclure du groupe, car faisant tâche dans l'uniformité collective.

Ainsi, lorsque votre conscience est calibrée, vous êtes vous même l'uniforme. Son bras, son pied, ses yeux.

Remarque : Dans le cadre d'une institution, la grandeur de la conscience peut « parfois » permettre d'évoluer de groupe en groupe dans la hiérarchie de l'institution. Ou de se faire virer manu militari.

 

Repérer l'uniformité pour mieux s'en dégager ?

Possible, mais difficile. Les formes générales ou collectives sont discrètes, et donc compliquées à repérer. À mesurer. De fait, notre tendance au conformisme n'est pas nécessairement là ou nous le croyons. Alors ou réside l'uniformité ? Vous qui souhaitez échapper au groupe, en quel endroit de votre personne lui cédez-vous sa prévalence ? En quoi vous conformez-vous ?

Si la logique suppose de balayer toutes les dimensions de la manifestation, en vérité il existe des accointances entre les niveaux de réalité et les catégories de l'être.

Ainsi, la pensée est avant tout un instrument de l'individualité. Qu'on ne s'y trompe pas, la pensée sert aussi les groupes et institutions, seulement ce ne sont souvent que les jalons les plus fixes de la pensées qui sont utilisés pour former les formes supra-individuelles. C'est ainsi que dans la pensée, c'est la morale, l'éthique ou encore les paradigmes qui servent le groupe et les corporations (la pensée dans ce qu'elle a de plus rigide...).

Si vous suivez la logique, vous comprenez que les adhésions groupales sont majoritairement émotionnelles, et les adhésions institutionnelles sont majoritairement rituelles.

 

Attention, ce ne sont pas des règles absolues. Il est clair que les clubs de foot ont des rituels (c'est d'ailleurs indispensable à toute forme supra-individuelle), des façons de penser... mais soyons honnêtes, la plupart du temps ils sont simplement fondés sur une passion dévorante ! Tandis que les sociétés humaines se traduisent en comportements bien définis, peu réfléchis ni ressentis. Je suis absolument certain que la majorité des gens qui me lisent possèdent... je ne sais pas, disons un compte en banque ? Et que tous partent en vacances en Été (et mangent dans des assiettes !).

C'est comme ça et puis c'est tout.

 

Bon, être piégé dans un groupe est une chose, mais...

 

...Est-il possible qu'un groupe ou qu'un corps général soient eux-même possédés ?

Mais évidemment !

Les groupes ou les sociétés ne sont que la traduction de pulsions qui nous poussent à agir en conformité les uns avec les autres. Si l'on peine à découvrir leur sens, leurs aspects fondamentaux et substantiels sont facilement accessibles à la conscience : c'est ce que d'aucuns ont décrit comme la pyramide des besoins par exemple.

Les besoins primaires – manger, boire, dormir, etc.– façonnent l'ossature des sociétés, les besoins secondaires – sécurité, stabilité, appartenance, etc.– façonnent l'ossature des groupes (et les besoins tertiaires – reconnaissance – façonnent les ossatures individuelles). Grosso modo.

Seulement voilà, tant que nous sommes incapable de saisir l'essence, le sens de ces pulsions plus ou moins instinctives, alors nous ne pouvons nous identifier à leur (uni)forme réelle, et il en découle une adhésion à des âmes trompeuses. Des modèles de groupe, société, institutions qui ne sont pas conforme à ce que la nature humaine suppose (bien qu'elles puissent sembler éthiques). Subsister n'est pas vivre.

Exemple : Oui, il est fort à parier que le « despotisme » politique (plus ou moins avoué) vous mette à l'abri du besoin au sens physiologique du terme. Mais est-ce à dire qu'un tel modèle de société soit épanouissant pour l'âme humaine ? Le doute est permis...

Oui, la possession peut agir non pas sur l'individu seul, mais sur les particularités, ou les attributions générales à proprement parler. Vous imaginez ?

 

Et maintenant, juste pour le plaisir, la question qui tue...

Se pourrait-il que des groupes ou sociétés... soient victimes d'une possession corruptrice, que certains qualifieraient de démoniaque (voir ma position sur le sujet dans la note précédente) ?

En théorie... oui. Est-ce si loufoque ? Je ne crois pas. D'abord parce que certains phénomènes collectifs méritent d'être observés, que dire des « mesnie dansantes » et des équivalent modernes « d 'hystéries collectives » ? (Cherchez, ça existe encore, la chose se répand comme une vague lorsqu'elle arrive, ça vaut le détour...) Je ne dis pas que ces phénomènes sont forcément malsains, mais ils évoquent tout de même une forme de dérive psychologique inquiétante lorsqu'ils surgissent devant témoin.

En vérité, il suffit de se pencher sur les « horreurs de l'histoire » pour se dire que la question est, sinon résolue, légitime. Guerres et faits de société déviants sont pléthores. Du moins je le pense.

 

Pourquoi vous dire cela ? Logique de l'âme ! Si vous êtes attentif au monde animique, au monde des formes, vous ne manquerez pas de penser (en reliant la pensée à l'âme...) sous forme de catégories. Surtout de questionner les catégories. Ce réflexe vous conduira à interroger les groupes et les sociétés de manière permanente, l'idée étant de ne plus être esclave des uns et des autres. Seulement d'être unis à ceux qui vous libèrent.

Remarque : Tout le monde n'a pas la même propension à s'identifier aux groupes et institutions. Selon les cas, les adhésions peuvent être minimes, ou singulières.

 

 

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