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Logique de l'âme - note n°4 - Résonance et contrats

 

Après les aspects dits cumulatifs, étudions les contours qualitatifs de la transformation.

 

Donc. Il est des mouvements qui résonnent. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Qu'un acte en apparence trivial peut s’avérer beaucoup plus important qu'il n'y paraît. Autrement dit, certaines choses se révéleront graves pour vous et bénignes pour les autres, et vice-versa.

Exemple : Pour certaines personnes, proférer de petits mensonges est aussi trivial que d'avaler une cacahuète. En revanche, vous quand vous le faites, les retombées sont dramatiques, et prennent des proportions incroyables. Pour une raison qui vous échappe, il vous est comme interdit de mentir, de dissimuler.

 

Au regard des formes, il y a ce que l'on peut qualifier de privilège et de tabou.

Selon votre personnalité, votre âme, des choses seront plus tolérées avec vous qu'avec les autres, et certaines situations avantageuses apparaîtront d'elles-mêmes, relatives à certains aspects de la vie.

Évidemment, l'inverse est tout aussi vrai : il est certaines limites, parfois implicites, qu'il convient de respecter, sous peine de rompre le contrat avec votre propre image. Croyez-moi, ce sont des choses qu'il vaut mieux prendre au sérieux, car au centre de chaque situation siège un dieu totémique. Votre co-contractant.

 

Un bon exercice pour l'intelligence, au combien utile d'ailleurs, consiste à décrypter les clauses du contrat : comprendre ce que la forme qui vous habite exige de vous-même.

- Qu'est-ce qui vous est permis ?

- Qu'est-ce qui vous est facilité ?

- Qu'est-ce qui vous est difficile ?

- Qu'est-ce qui vous est impossible ?

- Qu'est-ce qui vous est interdit ?

 

Rappelez-vous. Toute identification vis à vis de votre nature constitue le bien, et tout ce qui est accidentel relève du mal, au sens le plus large. Et, au regard de la nature, aller dans le sens de cette dernière est une bonne action, et y contrevenir, une mauvaise action. Une loi naturelle donc.

Mais les formes viciées possèdent elles aussi – en quelque sorte – leur propre sens du bien et du mal, et surtout, leurs propres lois. Il suffit que vous vous identifiiez à ces formes pour que cette loi s'impose.

 

Admettons que vous vous preniez, à tort, pour un intellectuel. Ce n'est pas dans votre nature, et c'est ce que l'on pourrait appeler une erreur naïve (pas un vice) mais voilà, vous vous identifiez à ce mensonge.

Résultat, vous vous êtes clairement perdu. Pour autant, si tant est que vous sacrifiez assez d’énergie et d'attention, la forme que vous avez épousée vous le rendra bien.

Il est possible que cette identification vous confère, ne serait-ce que de manière superficielle, l'aura d'un intellectuel.

Seulement voilà, puisque vous considérez cette forme comme votre substance, votre être, alors tout mouvement qui viendra nier cette façon d'être fonctionnera comme une sorte de péché capital. Immédiatement sanctionné comme une faute.

Exemple : En tant que pseudo intellectuel caricatural, si vous allez voir un film d'action ou un blockbuster (œuvre peu portées sur la réflexion), vous risquez de contrevenir grandement à votre image ! Il y a de fortes chances pour que les conséquences ne soient pas agréables...

 

La forme en question agit comme une résonance, non pas naturelle, mais artificielle.

Et donc vous voyez que tout cela s'apparente à un enchevêtrement de contrats.

Qu'on ne s'y trompe pas. Même si vous ne vous identifiez pas à votre nature, c'est celle-ci qui prime, telle la norme suprême. Parce que la nature désignera toujours, ultimement, votre forme véritable.

En ce sens, c'est un rapport de force que l'on peut considérer comme tel : le personnage premier (l'apparence) que vous épousez vous autorisera certaines choses, mais la nature peut proscrire ces avantages. Et tôt ou tard, la punition se fait sentir. Comme lorsque la loi contrevient à la constitution.

Exemple : Supposons que vous ayez un esprit manuel, concret, mais que vous êtes engagé dans un milieu tertiaire pour plaire à vos parents. Il est fort à parier que tôt ou tard, vous rencontriez un ensemble de problèmes vous incitant à quitter votre travail... qui pourraient bien se transformer en maladie un jour ou l'autre. Quand l'âme est sourde, le corps parle.

Remarque : Parfois la réponse semble tarder. Mais elle vient toujours, tôt ou tard.

 

La réalité est encore plus complexe, surtout si l'on considère le rôle des dimensions plus profondes de chaque système.

Tenez, pas de « classe moyenne », de « comptable », de « star », de « consommateur », de « secrétaire », de « journaliste », ou autres « champions » et « femmes d'affaires » sans appartenir à « l'homme ou la femme moderne » au préalable.

Et qu'est-ce qu'un moderne ? Probablement quelqu'un qui va chercher sa nourriture dans un caddy, directement ou indirectement. Du coup, je peux vous garantir que si vous tenez à votre image de dandy, il ne vaut mieux pas quérir votre casse-croûte dans les bois...

 

La clé, le respect de la loi ?

Oui... et non. C'est un petit peu plus compliqué que cela. La loi au regard de l'âme n'est pas une simple prescription. Elle est beaucoup plus nébuleuse, complexe, occulte et adaptative. Pire, c'est comme si la loi permettait, voire encourage dans certains cas ce qui s'apparente à un comportement transgressif ou marginal. La raison est simple : toutes les transgressions ne se valent pas.

 

Dans certains cas, la transgression est effectuée d'une telle manière qu'elle en devient au fond la soumission la plus grande à la loi, et donc une alimentation très riche pour la forme concernée.

Pourquoi ? C'est simple. Peu importe que vous respectiez ou transgressiez une loi, ce qui compte le plus... C'est l'importance et le temps que vous lui consacrez !

Exemple : Faisons une analogie à plus grande échelle. Admettons que je sois un voleur. On pourrait croire que si je vole (sans le besoin urgent de me nourrir), c'est que je ne respecte pas le système dans lequel j'évolue. Mais la vérité, c'est que le vol implique un intérêt colossal, pour ne pas dire total, vis à vis du système visé : connaissance de sa structure, de ses lois. J'y mets toute mon énergie au lieu de le récuser vraiment.

En volant, je valide ma dépendance, mon intérêt, et l'indépassable importance dudit système : je renforce la valeur et l'existence du système en tentant de profiter de lui. Ma transgression n'est qu'une recherche de profit et non d'émancipation.

Remarque : C'est une analogie.

 

Selon qu'elle réussisse ou qu'elle échoue, la transgression vous permet de profiter du système, ou elle vous conduit à être puni, mais quelque soit le résultat, le schéma logique que vous empruntez appartient au dit système, et vous êtes toujours dans le même monde.

 

Au cas ou vous ne l'aurez pas compris, la véritable transgression consiste donc à s'émanciper de la forme de vie considérée... en diminuant son importance ! Autrement dit, à chaque fois que vous tenterez de réduire votre intérêt, votre temps consacré à ce système, celui-ci se retournera contre vous.

Remarque : Pour le dire plus rapidement encore, ce sont les tentatives de désidentification et de déconstruction qui sont vraiment transgressives, et sanctionnées.

 

Pour échapper véritablement à une forme, il convient... d'agir sans la considérer. Et quelque soit l'action que vous effectuerez, vous ne serez pas soumis à sa loi. Mais lorsque l'on est identifié à une chose en particulier, difficile de ne pas s'y soumettre. Alors, quel est le moyen le plus facile d’ignorer une forme ?

Simple. C'est d'en considérer une autre.

Ainsi, lorsque vous tenterez de vous extraire d'une forme de vie en essayant de vous identifier à un autre mode de vie, vous serez vraiment à même de changer. Évidemment, le système auquel vous appartenez ne manquera pas de vous combattre, mais si vous vous identifiez progressivement à un autre système, celui-ci vous protégera. Et si en plus ce dernier vous est plus naturel... il vous protégera de toutes les attaques irrationnelles.

Toutefois, au regard de certains sujets, trouver sa nature n'est pas chose facile.

Exemple : L'argent, c'est quoi ? Les économistes vous en proposeront une définition et un usage. D'autres, altermondialistes, rejetteront l'argent et proposeront des alternatives (c'est toujours « par rapport à »). Et puis il y a ceux qui veulent braquer la banque. Mais pour vous, qu'est ce qui est naturel au regard de l'argent ? Comment vous voudriez l'utiliser dans l'idéal ?

Remarque : Ce qui est décrit là vaut pour toutes les formes, même individuelles.

 

Bref. L'idée de résonance est donc largement l'occasion de développer une intelligence qui vous est probablement encore exotique.

 

Pour finir, une petite digression :

Vous savez, les résonances ne proviennent pas du néant. Déjà, lorsqu'elles sont naturelles, elles sont générées par un ordre qui nous dépasse, elles sont le fruit d'une intelligence qui structure le monde.

Et même lorsqu'elles sont le fruit de formes viciées, artificielles, les résonances ne sont pas hasardeuses, mais relèvent d'une histoire profonde – une métahistoire – ponctuée d’évènements symboliques bien précis.

À défaut d'en avoir conscience, pensez-y.

 

 

Bonus

 

 

 

Un autre exercice sympathique pour exercer son sa faculté à discerner les enjeux pulsionnels consiste à observer la position des autres, d'étudier les clauses de leurs contrats.

Chose drôle, il est des gens qui, inconsciemment, connaissent très bien les avantages de leur position, et n'hésitent pas à en jouer. Et quand je parle d'en jouer... parfois, ça va vraiment loin :

- Certains profitent allègrement de leur position.

- Pire encore, certains vous entraînent dans leur sillage... alors qu'ils se doutent très bien que vous ne pouvez pas suivre.

- Et ces mêmes personnes qui feignent l'innocence dans leurs propositions à votre endroit sont tout de suite plus réticentes quand il s'agit de vous suivre en terrain inconnu !

 

Vraiment, il y a des gens qui ont l'art et la manière d'attirer tout le monde sur leur terrain de jeu, avec leurs propres règles. C'est assez hallucinant.

Ces comportements sont fascinants à étudier. On y apprend beaucoup de choses, notamment à déconstruire la notion de mérite...

 

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