Le sujet n'est pas un bloc monolithique. Tout le monde expérimente à plus ou moins grande échelle une variation de son état en fonction de la situation, c'est à dire que vous n'êtes pas tout à fait le même devant vos parents ou devant vos amis.
Voyons les choses comme tel : si la personnalité est l'âme, les variations de la personnalité sont des états d'âme. Ces états d'âme sont des formes multiples, subsidiaires, subordonnées à la forme centrale. En fait, une simple mobilité.
Mais voilà, il arrive parfois que les états outrepassent la logique de notre nature première... Et dans ce cas, l'état en question devient une personnalité à part, plus ou moins riche en fonction des ressources qu'elle monopolise.
Exemple : Lorsque vous êtes avec vos parents, vous êtes douce, lorsque vous êtes avec vos enfants vos êtes drôle, lorsque vous êtes avec vos amis, la différence est plus prononcée, mais on vous reconnaît toujours. En revanche lorsque vous êtes à votre travail... vous êtes une autre personne. Impitoyable, caractérielle. Vos proches ne vous reconnaîtraient pas.
La diversité n'est pas un problème lorsqu'il existe une cohérence interne : une palette d'attitudes maîtrisées permet de s'adapter à un grand nombre de situation. Mais la diversité n'est pas la séparation, ni la division.
De fait, toutes les facettes de la personnalité/tous les états d'âme doivent respecter une sorte de mouvement commun, une loi interne et sacrée. Parce que sinon, vous devenez un autre.
Les séparations peuvent plus ou moins prononcées (plus ou moins conscientes), et à terme, donner vraiment naissance à des identités différentes. Parfois cela se traduit simplement par le fait que les autres ne nous reconnaissent pas, et dans certains cas, on parle de séparations si grandes entre les états d'une même personne que chaque état distinct possède sa propre gamme de souvenirs, incommunicables aux autres états.
Conscience brisée ? Identité fractionnée ?
Absolument pas ! Si le sujet est séparé, ce n'est que virtuellement. La conscience est une, et ne peut être scindée. Ainsi, dire que l'identité est morcelée est une métaphore : puisque l'identité dépend de la conscience, et que la conscience est une, c'est impossible.
Alors d’où vient ce qui s'apparente à un sentiment d'identité multiple ?
Cela provient du fait que la conscience est, non pas brisée, mais interdite dans ses mouvements. Ce n'est pas difficile à concevoir.
Exemple : Si vous avez subi un traumatisme relatif à la sexualité, il se pourrait que vous ayez tendance à oublier tout type de souvenir associé à cette dynamique, ce thème. Pourquoi ? Parce votre conscience n'est pas assez grande, puissante, reculée pour gérer l’évènement en question, et donc qu'elle évite toute situation qui pourrait convoquer ledit souvenir et tout ce qu'il pourrait engendrer. Normal, comment diable gérer une tornade émotionnelle, une pensée paradoxale associée ou encore une souffrance physique parfois inavouée ? Très compliqué.
Et lorsque se présente à vous une situation en lien avec ladite sexualité, il ne serait pas étonnant que vous deveniez le temps d'un instant – et d'une amnésie – une autre personne que celui ou celle que vous pensez être habituellement. Pourquoi ? Pour gérer la situation ET continuer à ne pas vous en rappeler malgré tout. Si c'est un(e) autre qui s'occupe de tout, pas besoin d'en avoir conscience.
Parfois le phénomène est temporaire, et parfois il est quasi-permanent. Tout dépend de l'intensité à laquelle les mouvements de la conscience sont empêchés.
Conscience en miette ?
Dans certains cas, on parle d’éparpillement de la personnalité en des centaines de morceaux. Et donc de centaines de personnalités. La vérité... c'est qu'il n'en est rien, ou du moins que c'est à relativiser.
Toute forme est avant tout une forme de vie, un système. Pour qu'une forme existe, elle doit posséder une vie à part entière : du temps, de l'importance. Difficile pour une personne seule de vivre une centaine de vies différentes.
Attention, je ne dis pas que les personnes atteintes par ce genre de troubles sont dans le mensonge. Non. Simplement, à ce niveau de carences il doit exister une confusion entre de véritables états distinctifs et des expériences marquantes agrémentées de souvenirs ponctuels, ou encore des automatismes. Pour le dire simplement, une personne avec une centaine de personnalités ne peut habiter qu'une majorité de caricatures. Gageons qu'il ne puisse y avoir qu'une dizaine de vrais états durables, et il serait même plus joli d'envisager leur nombre à sept. Juste pour la symbolique.
Remarque : Cela dit, je ne suis pas médecin.
Pourquoi je parle de cela ? Pour donner un peu d'espoir. Le morcellement n'en est pas un.
Le morcellement est impossible. Vous êtes un. Et vous le verrez bien un jour ou l'autre, aussi écartelé(e), blessé(e) que vous puissiez être.
Est-ce vraiment juste de parler de personnalités différentes ?
Oui et non.
Non, car ce sont les états désunis et incohérents d'une même âme.
Pour autant... Ces états résultent d'identification à des formes différentes. Donc lorsque l'on s'identifie à plusieurs formes qui n'ont aucune cohérence entre elles... on possède bien plusieurs personnalités. Alors oui.
Exemple : Si vous vous identifiez tour à tour à un sportif viril pendant la journée et à une danseuse de cabaret dans le secret de la nuit... il est clair que vous n'êtes pas le même ! Bien que vous restiez la même personne.
Tout dépend de la façon dont on regarde les choses.
Est-ce que tout cela s'apparente à une sorte de... possession ?
C'est exactement là ou je veux en venir... C'est le sujet de notre réflexion.
La réponse est... oui (mais pas comme vous l'imaginez).
Si je vous disais que d'une façon ou d'une autre nous sommes TOUS possédés, me croiriez-vous ?
Attention, je n'ai pas parlé de possession « démoniaque ». J'ai parlé de possession au sens large, ce qui peut comprendre tous les cas de figure...
Remarque : ...possession démoniaque comprise si tant est que vous y croyez. Mais autant vous le dire, ici, on va relativiser la chose.
Voici la règle d'or : dès lors que la forme qui vous habite n'est pas naturelle, vous êtes possédé. Pensez-vous avoir trouvé votre nature ? Que nenni (probablement). Pensez-vous que vos voisins ont trouvé leur nature ? Certainement pas.
Sinon le monde tournerait plus rond.
Techniquement, la possession, c'est quoi ?
Un abus de langage. En vérité cela ne désigne qu'une seule étape du processus d'identification à une forme quelconque. Considérons n'importe quelle influence extérieure et supposons qu'elle soit relativement pénétrante. Comment agit-elle ?
- elle s'insère d'abord la pensée,
- puis elle pénètre les émotions,
- elle en vient à s'intégrer dans les comportements physiques,
- et enfin, on finit par s'y identifier.
Remarque : Si l'on assimile le phénomène à la possession démoniaque, qui est plus connue, cela donne – sans considérer les variations de vocabulaire – l'obsession (mental), la vexation (émotionnel), la possession (physique) et... probablement la damnation (conscience).
Les choses qui vous pénètrent ne sont pas nécessairement « néfastes ». Certaines formes sont même très louables du point de vue de la morale. Du moins de l'extérieur. Mais on se fiche bien du fait que votre âme circonstanciée soit éthique, si la forme à laquelle vous vous identifiez n'est pas la vôtre (si l'union n'est pas parfaite), elle ne vous procurera pas la vie que vous méritez. C'est aussi simple que cela.
Exemple : Vous êtes comptable, du moins vous vous identifiez comme tel, un petit salarié gentil, un bon voisin, un père aimant, un ami charmant. Vous ne faites de mal à personne. Mais cela ne veut pas dire que vous faites du bien. Vous avez une vie louable mais monotone, et ce n'est pas la profession qui est en tort (pour les amoureux des chiffres, elle peut être un sacerdoce), mais vous qui êtes à coté de vos pompes.
Il est même des cas ou les formes sont de passage. Tenez, certains thérapeutes travaillent avec des « entités communicantes » (je ne sais quelles formes de vie) à qui ils laissent les commandes. Au-delà de la question « est ce que c'est une bien ou mal ? », on peut dire que cela s'apparente à une possession temporaire. Du moins si la chose n'est pas une affabulation.
Remarque : Si vous gérez qui entre et qui sort... ça peut, en théorie, très bien se passer. Mais ça ne vous renseignera en rien sur « qui vous êtes », sauf exception.
Il existe même certaines personnes, supposément initiées, qui disent hériter d'une charge – une sorte de mission – confiée par des entités bénéfiques. C'est très bien, du moins si l'on s'en tient à leurs discours, mais il ne faut pas confondre les bonnes œuvres avec une vérité intime. Et puis... que l'on parle d'une mission de vie ou d'un simple travail, si ladite chose semble vous amputer de votre vie, vous rendre esclave, alors il y a un problème. Il ne s'agit jamais de s'effacer face à quoi que ce soit, pseudo-dieux compris, mais d'accueillir en soi ce qui ne fait qu'un avec soi. La nuance est subtile, mais fondamentale.
Les démons ?
Le mot fait peur. Ça tombe bien, il n'est pas obligatoire. Sans affirmer ni contester la notion, nous allons nous accommoder d'un regard pratique.
Ainsi, dès lors qu'une forme est contre-nature à votre égard, elle est corrompue, perverse. Voyez-y des démons ou non, le résultat est le même.
Remarque : Vous aurez compris que pour le coup on ne s'aligne sur aucune définition théologique ou occulte, ni même médicale.
Hiérarchie des enfers.
Non, je ne vais pas vous dresser un bestiaire. La seule chose que j'ai à dire ici, Les formes qui vous pénètrent peuvent être des systèmes plus ou moins complexes. Cela correspond à ce que nous avons déjà vu dans la section de l'initiation.
Il est formes néfastes qui sont grossières, parfois denses, puis élaborées, et enfin très complexes. Cela vaut pour tout type de forme, âmes corrompues comprises.
De ce point de vue théorique, une possession qui vous ferait vociférer des insultes ne serait pas l'apanage du mal le plus abouti. La grossièreté n'étant, sauf exception, que la marque d'un niveau de vie superficiel.
Il es fort à parier que les pires corruptions soient capables de se fondre dans la masse avec machiavélisme. Voire se faire passer pour des anges.
Remarque : Quoi ? Vous voulez un vrai bestiaire infernal ? Mais servez-vous de vos rêves pour les répertorier ! Si si, je vous jure que ça peut marcher !
Lorsque la conscience prend connaissance de la notion d'âme, l'individu devient le premier réceptacle des questions relatives à l'identité. C'est que parfois, on a l'impression d'être plusieurs à l'intérieur, et certains sont de grossiers personnages. Alors forcément, on se pose la question : est-ce que c'est vraiment moi qui parle ?
Logique de l'âme.
Cela dit en passant, il n'y a pas que les formes individuelles qui nous possèdent...
Bonus
Bon allez, je ne sais pas ou le placer, mais puisque l'on a parlé de « possession »...
Comment se fait-il que si je plante votre photo avec des aiguilles, ou que je trempe vos cheveux dans un bouillon de sorcière, il se dit que je puisse vous faire passer votre vie aux toilettes ? En d'autres termes, est-il possible d'établir une description théorique du fonctionnement d'un envoûtement ?
Eh bien il est fort probable que techniquement parlant, les envoûtements... ne soient que des mélanges de substance : votre substance mélangée avec une autre substance (en fait, une mise en contact de votre substance avec des accidents), vos pulsions mélangées avec d'autres pulsions, le mouvement qui vous habite mélangé avec d'autres mouvements, votre forme, transformée, ou du moins influencée par une autre forme. Votre âme changée par une autre âme.
Nous l'avons déjà vu, tout ce qui existe possède un pouvoir de transformation, ou dit autrement, toute forme possède une influence. En fonction de ce qui vous environne et de ce que vous faites, vous ne serez pas le même.
Donc, si je veux agir sur vous, je dois trouver le moyen d'associer ou d'attacher quelque chose de bon ou néfaste à vos pulsions. Jusqu'à ce que vous vous identifiez à cet élément étranger et non plus à ce que vous êtes en propre. Et c'est le pourquoi des photos, objets et autres.
La photo, c'est vous, c'est votre forme reproduite. Pas étonnant que cela vous touche. Comme une petite porte qui dirige vers vous.
Un objet vous appartenant ? Super, surtout si vous y êtes très attaché. On part du principe qu'il contiendra un bon paquet de résidus invisibles qui vous sont associés..
Une mèche de cheveux ? C'est encore mieux puisque ça vient de votre corps.
Que dire si l'on parvient à placer un objet chez vous ? Dans votre environnement la chose pourra largement exercer son influence.
Mieux encore, vous faire ingérer quelque chose ? C'est désormais « dans votre corps »
Mais le Graal du Graal en la matière, et c'est le cas de le dire... c'est le sang. Qu'est ce que le sang sinon le siège physique le plus pur de la pulsion ? Qu'est ce que le sang sinon le support physique de l'âme (avec le cœur) ? Ainsi, utiliser votre sang, ou vous faire ingérer du sang, est, en théorie, l'une des façons les plus efficaces de vous transformer.
D'ailleurs, quelque soit « l’envoûtement », on cherche en général à fixer l'influence par le biais de procédés plus ou moins éprouvés et efficaces. Ainsi, il paraît que certains matériaux ont le pouvoir de condenser voire d'amplifier les influences pulsionnelles (le sang dont nous parlions précédemment en fait partie).
Reste que je ne suis pas sorcier...
Remarque : Évidemment, c'est un processus qui, s'il est réel, déroge à la mécanique, la physique. Mais je dois vous rappeler qu'ici c'est le monde de l'âme qui est concerné, les lois qui s'appliquent ici ne sont pas physiques mais pulsionnelles, elles figurent un espace-temps au comportement bien différent. Après, vous y croyez ou pas.
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