La magie est l'application pratique des effets relatifs à la logique de l'âme. Elle se cache dans les situations les plus concrètes et quotidiennes, et suppose un mode de raisonnement original au regard des relations de cause à effet. C'est ce qui nous intéresse ici, pour vous montrer à quel point la logique de l'âme est exotique, et variée dans ses expressions. Alors, usons d'un regard un peu plus subtil et essayons-nous à un peu d'intelligence... magique !
Donc. La zone invisible, quatrième réalité, englobe en son sein le monde des non-dits. On parle de ces moments interdits, de flous et de suspensions. Ces situations inextricables au sein desquelles nous sommes complètement prisonniers. C'est que la vie se développe parfois par-delà un grand nombre de contradictions, qui deviennent, avec le temps, autant de points de tension.
Des blocages que l'on ne peut pas penser, toucher, sous peine de déclencher la destruction.
Alors, comment changer un impossible ?
Eh bien c'est une question de pouvoir, et c'est ici que la magie vient nous sauver.
Si le monde de l'âme est aussi irrationnel, c'est uniquement parce qu'il se soustrait à la vue de la raison. L'empire de l'âme commence bien en avant de ce dont nous avons conscience, et au sens le plus commun, cela veut dire que la majorité des situations que nous vivons, bonnes ou mauvaises, se jouent préalablement en des endroits que nous ne soupçonnons pas. Dit plus clairement encore, vos problèmes commencent bien avant que vous ne les voyiez.
Exemple : Vous êtes sous l'emprise de votre supérieur hiérarchique, il abuse de sa position sans même s'en rendre compte. Mais à la maison parfois, c'est pareil, il arrive même que votre conjoint vous dise quoi porter comme vêtement. Jusqu'à vos chaussettes. Et il existe toute une constellation de personnes qui profitent plus ou moins de vous au quotidien.
En vérité, tout commence parce que c'est vous qui abandonnez votre pouvoir à l'autre. Pour les vêtements par exemple, aujourd'hui vous n'avez pas pu vous empêcher de demander conseil à votre conjoint, qui en a profité pour décider de tout. Si vous ne l'aviez pas sonné, il ne serait pas venu, trop occupé à faire autre chose.
Pareil, ce midi, alors que vous mangiez avec votre mère, vous étiez incapable de prendre une décision seule et avez préféré vous aligner sur son choix. En clair, considérant tous les moments pour lesquels vous auriez pu décider seule, vous avez fait appel à quelqu'un. De vous-même.
Et c'est bien là que vous perdez votre pouvoir en premier lieu. Non pas parce que votre conjoint ou votre supérieur vous écrasent, mais surtout parce que vous abandonnez toute forme de pouvoir chaque fois que vous avez l'occasion de le faire, continuellement, invisiblement.
Et au fond, ceci est une bonne nouvelle, car si les situations se créent en amont de ce que l'on imagine, cela veut dire qu'un même travail de fourmi en amont ne manquera pas de bouger les choses.
Considérées ainsi, les petites victoires sont réelles, importantes, et décisives à terme : c'est le même problème qui se joue et se rejoue en des enjeux moindres. Et c'est votre capacité à reconnaître cela qui témoigne de votre intelligence au regard de la magie !
Ce que j'essaye de vous dire, ce n'est pas qu'en vous préparant à petite échelle vous finirez par gagner le match final. Non, pas du tout. Ce que je dis est mieux encore : les petites victoires, à un certain niveau d'accumulation, seront le match final en tant que tel, si bien que le problème considéré disparaîtra sans même que vous n'ayez à l'affronter sous sa forme initiale.
Irrationnel. Magique.
Exemple : Ayant pris conscience de votre problème, vous avez commencé à agir là où vous en aviez le pouvoir. C'est ainsi que vous choisissez vos vêtements seul, même vos chaussettes. Les multiples décisions du quotidien sont l'occasion de faire comme vous l'entendez. Il est même arrivé que, pendant une absence du responsable, vous ayez eu l'occasion de choisir seule la façon de traiter un dossier de votre travail. Dernièrement vous vous disiez que, tôt ou tard, vous confronteriez votre supérieur, mais qu'en attendant, vous continueriez les petites victoires... Sauf que, comme par magie, ledit supérieur a été muté ailleurs. Désormais, c'est un nouveau responsable à la barre, et il vous fait entièrement confiance.
Le problème s'est résolu de lui-même, quelle coïncidence déroutante !
Remarque : C'est une image fidèle de la tournure que peut prendre une situation ! Vraiment.
La valeur du geste moindre s'explique par la nature identique de la cause. Ce n'est pas nous qui déterminons cela au hasard d'une opinion. C'est une vraie prise de conscience, qui d'ailleurs se ressent en pratique : si vous êtes incapable de dire non à votre conjoint lorsqu'il choisit vos chaussettes, vous le vivez aussi mal que lorsque vous êtes face à un supérieur abusif ! Certes, à plus petite échelle, mais au fond, c'est le même genre d'humiliation. Et c'est bien parce que le malaise est de même nature que la victoire est elle aussi de même nature, et donc qu'elle possède de la valeur d'un point de vue symbolique et magique sur le problème considéré :
- Symbolique : parce que geste permet de questionner votre identification. Habituellement, vous vous laissez faire parce que vous vous voyez (forme) comme quelqu'un de faible. Mais une petite victoire montre bien que si vous le voulez, vous n'êtes pas si faible. Et répétées, ces victoires changeront peut-être l'image (transformation, identification) que vous avez de vous-même.
- Magique : parce que ce geste va mener à des conséquences irrationnelles. D'ailleurs vous-même avez un peu changé votre comportement après cette victoire, et ce léger changement d'attitude risque de provoquer des microconséquences en cascade que l'on ne peut pas voir ni prévoir.
L'art de trouver la vraie cause d'une situation, voilà comment exercer son intelligence pulsionnelle à bon escient !
Et c'est bien le propre d'une logique magique que de révéler que la cause d'une situation n'est pas là où on le pense ! Quasiment jamais. Il faut faire preuve d'humilité et comprendre que la cause se révèle à la conscience en premier lieu et non à la pensée.
Remarque : Je ne vous dis pas qu'il faut arrêter de penser. Ce que je dis, c'est que la pensée doit être subordonnée aux révélations pulsionnelles que la conscience a pu percevoir. Ce n'est qu'après que l'on peut penser le problème, en prenant en compte les révélations, les prises de conscience de la situation réelle.
Au passage, cette note se veut aussi être un morceau d'espoir face à l'impossible, car nous connaissons tous des situations aux apparences inextricables, du moins face auxquelles nous semblons impuissants.
Pire, il arrive parfois que nous tentions de crever l’abcès, en nous jetant de front vers le problème considéré, quitte à y laisser beaucoup de plumes. S'il arrive que cela puisse être nécessaire, en vérité on pourrait souvent éviter ce genre de situations tempétueuses. Et il me plairait même de prétendre qu'on pourrait le faire à tous les coups, quoique dans les faits, ce n'est pas forcément évident (le nez dans le guidon...).
De telles résolutions impliquent une compréhension du pouvoir qui est différente. À vrai dire, de ce point de vue, nous avons toujours un pouvoir sur les choses. L'impuissance serait à ce titre autant une réduction de l'exercice du pouvoir (et non une disparition) qu'un aveuglement quant à notre champ d'action réel : on ne saisit pas qu'il subsiste des points sur lesquels on peut agir. Des choses que l'on peut changer, sans que quiconque ou qu'aucune limite ne vienne nous empêcher.
Le pouvoir ne disparaît pas, il ne peut qu'être restreint, abandonné.
Enfin, c'est parce que nous pensons mal le problème et son origine que nous semblons dépossédés de notre pouvoir. On ne se doute pas que les enjeux se jouent en premier lieu au plus proche de nous-mêmes - en fait, littéralement en nous-mêmes - avant de prendre corps dans la manifestation concrète.
Donc, si vous voulez exercer votre intelligence dans le monde de l'âme et la magie, posez-vous la question en ces termes : quelle est la cause réelle du problème, et comment agir, d'abord à petite échelle, pour le résoudre ? Sans oublier que dans cette formule, une autre question implicite se pose : qu'est ce qui me dépasse et que je ne vois pas dans cette situation ? Pourquoi la cause réelle m'échappe-t-elle ?
Y'a du boulot !
Écrire commentaire